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partie 1 Modernité, hypermodernité et approches biographiques Dans ce qui suit, nous présentons un bref résumé du contenu des textes que nous regroupons dans la première partie sous le thème des enjeux de l’hypermodernit é définie ici comme idéologie dominante, ceux qui nous replongent dans la grande histoire de la modernité, et ceux, enfin, qui esquissent une perspective« contre-idéologique », que nous pouvons relier à une « seconde modernité ». 1. Les enjeux de l’hypermodernité Le premier texte dégage explicitement la perspective de l’hypermodernité néolib érale, telle que nous l’avons définie, en mettant l’accent sur les effets des grands changements sociétaux sur la « production » d’une figure possible du sujet qu’est l’individu hypermoderne. Le second texte reprend cette large thématique en l’inscrivant dans la dynamique actuelle, au Québec, de la gouvernance des institutions publiques, montrant les enjeux politiques liés à la réingénierie de l’État et à la Nouvelle gestion publique. 14 Transformations de la modernité et pratiques (auto)biographiques 1.1. L’hypermodernité, une vision des rapports entre la société actuelle et l’individu Le texte de Nicole Aubert, « La conquête de soi dans la société hypermoderne », plante le décor premier de cet ouvrage en situant la question de l’individu et du sujet au sein des transformations sociohistoriques qui caractériseraient notre monde actuel. Notons que les références de l’auteure se fondent principalement sur des travaux de recherche dans les grandes entreprises performantes, et ce, dans des pays occidentaux. Au développement de sociétés dites hypermodernes correspond l’émergence d’un individu type, hypermoderne. L’hypermodernité, c’est le régime de l’excès, d’abord celui du néocapitalisme et de la mondialisation, soutenu par les technologies de l’information et de la communication qui introduisent un nouveau rapport au temps et à l’espace, aux autres, à soi. Accélération du temps et urgence d’agir, rapports fluides et éphémères avec autrui, hyperactivit é de l’individu flexible et polyvalent en sont les principales manifestations. Cet « individu en excès », première figure de l’hypermoderne, est pleinement responsable de lui-même, sans cadre sociétal stable sur lequel s’appuyer. Mais il peut le faire quand les ressources économiques, sociales, culturelles sont là. Sinon, et c’est l’autre figure opposée de l’hypermodernité, celle de l’individu en manque, par défaut, qui se retrouve en grande marginalisation sociale. Comment situer les pratiques du récit de vie dans ce contexte d’hypermodernité ? Il peut être une voie de « réappropriation » d’une identité de sujet-acteur social aussi fragile et fuyante soit-elle. Il peut aussi ne représenter qu’une voie « illusoire », qu’une simple inflation « du petit récit de soi », vu comme source autosuffisante de la création du sens et de l’identité individuelle. Tout au long de ce livre, ce questionnement sera repris : de quelle société parlons-nous ? Quelles figures de l’individu ou du sujet sont-elles mises en cause ? Quelle portée donner aux diverses pratiques des histoires de vie dans la production sociale des individus ? 1.2. L’hypermodernité et la Nouvelle gestion publique: quand l’histoire de vie permet le politique Le texte d’Isabelle Fortier, « Le récit de vie, l’identité narrative et l’éthos public dans le contexte de la Nouvelle gestion publique et de la modernité radicale », reprend en quelque sorte, sur la base d’une recherche réalisée auprès de cadres gestionnaires de la fonction publique du Québec, la problématique lancée par Nicole Aubert, en la resituant au cœur de l’agir politique. En effet, ce texte pourrait aussi s’intituler : « La difficile conquête de soi comme condition de survie de l’éthos public dans des institutions dominées par l’hypermodernité ou la modernité radicale.» Le soi dont il est question ici est celui de gestionnaires partagés entre les injonctions nouvelles des décideurs politiques animés par le souci principal d’une gestion d’inspiration néolibérale et l’éthos public, d’un service public enraciné dans les fondements de la démocratie pour tous. L’auteure montre bien les termes de cette tension entre l’arrivée du «Nouveau management public » et la construction historique de l’éthos public, éthique du bien commun. S’appuyant ensuite...

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