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Conclusion Le récit de vie à l’épreuve de l’hypermodernité néolibérale: connivence, résistance ou alternative? Dans cet ouvrage, nous avons voulu rassembler des textes et proposer une réflexion qui ouvre sur le potentiel heuristique et l’avenir des récits de vie, en les situant dans le contexte social actuel des transformations de la modernité. Nous avons, en introduction et dans les textes d’ouverture, tenté de mettre en perspective cette question centrale de la modernité et des débats qui ont cours sur ses transformations. Les textes qui forment ensuite le corps de l’ouvrage abordent, chacun à sa façon, certains enjeux des récits de vie, que ce soit le lien entre les petits récits et la trame de l’histoire ; la spécificité des récits collectifs ; la place des récits de voyage et ce que ces derniers rendent saillants en tant que récits de vie ; la contribution des récits de vie en tant qu’approche utilisée dans le contexte scolaire et en formation et l’éclairage qu’ils apportent sur des enjeux de (trans)formation ; l’exemple d’une utilisation émergente du récit de vie théâtralis é ; et enfin les récits de vie de recherche mettant en évidence le travail des sujets dans des contextes sociaux soumis à des changements importants tels que celui des organisations publiques. Dans ce dernier chapitre, nous souhaitons effectuer un retour critique sur la façon dont le récit de vie et son utilisation en formation, en intervention et en recherche, participent de ces enjeux actuels dans le monde social marqué par des transformations. Après un bref retour sur les conditions de la modernité et ses variantes postmoderne, hypermoderne, radicale ou avancée que nous avons présentées en introduction de cet ouvrage, nous nous attardons d’abord à préciser la figure du sujet qui se dégage dans le contexte de la rationalité néolibérale dominante selon 224 Transformations de la modernité et pratiques (auto)biographiques la thèse de Dardot et Laval (2009). Une des conséquences majeures de cette rationalité dominante est ce rapport à soi et aux autres marqué par la concurrence et la quête sans fin de performance et la perte du collectif, un constat qui rejoint celui de plusieurs analystes du social et en appelle à des recadrages nécessaires qui touchent tout autant le politique, le rôle de l’État, les différentes pratiques des acteurs que les individus et les modes de subjectivation. Si la pratique des récits de vie en formation et en intervention, et dans une moindre mesure en recherche, est souvent auréolée d’un potentiel émancipateur , on questionne rarement les contextes et les usages par lesquels elle peut s’avérer au contraire en écho ou de connivence avec cette logique atomisante et responsabilisante. Par ailleurs, si les analyses sociologiques et les approches critiques ont largement arpenté les versants néfastes de l’autonomie dans les avatars de la poursuite effrénée de la performance et de l’assujettissement des individus, notamment dans le monde du travail, on a moins mis de l’avant les pistes, ou du moins les ingrédients susceptibles de briser les cercles vicieux dans lesquels s’enlisent les acteurs, et d’éclairer non seulement ces derniers, mais aussi ceux qui ont pour tâche de les accompagner ou encore de les « gouverner ». Ouvrant sur des pratiques de contre-conduites afin de résister tant individuellement que collectivement à l’emprise de cette rationalité néolibérale, nous sommes amenés à examiner quelques écueils à éviter et quelques pistes porteuses pour la pratique des histoires de vie en termes de résistance et d’alternative à l’emprise de cette rationalité dominante. La visée de ce travail est donc de conclure l’ouvrage en attirant l’attention, à la lumière de tout ce qui précède, sur les modalités d’utilisation des récits de vie et de questionner en quoi elles peuvent participer de cette logique néolibérale , dans une connivence nouée parfois même en dépit de bonnes intentions, ou au contraire offrir un rempart contre l’envahissement de nos vies par cette raison-monde génératrice d’iniquités sociales dont les manifestations se font de plus en plus criantes. 1. La modernité: ses variantes postmodernes ou hypermodernes Faisons d’abord, très sommairement, un retour sur quelques éléments...

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