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Une vie de respect Autrefois, quand nous vivions encore nos vies, dans notre propre pays, nous entendions parfois, comme le grondement d’un tonnerre lointain, deux ou trois jours avant de les voir, les caribous à l’approche. Nous ne comptions pas les têtes, alors, mais nous savions qu’à leur arrivée, il faudrait sept jours pour qu’ils traversent tous la rivière. Nous ne les comptions pas; nous n’avions pas de quotas. Mais nous savions que les pleurs d’un enfant ou le cri d’un goéland pouvaient les faire fuir en débandade. Nous savions alors l’équilibre qui nous unit, les animaux et nous – des vies nourries d’un mutuel respect. [ 22 ] DES VEINES DU CŒUR AU SOMMET DE LA PENSÉE Aujourd’hui, nous vivons comme en état d’arrestation. Partout, des gardes-chiourme nous épient. Nous vivons sous interrogatoire constant. Dans votre insatiable soif de terres et de richesses, vous faites de nous des suspects permanents et nous contraignez à justifier notre existence. Sur des cartes du pays, nous devons tracer des points et des traits pour montrer que nous sommes allés là et qu’aujourd’hui, nous sommes ici. Ici, où trottine le renard, où niche l’oiseau, où fraie le poisson. Vous délimitez tout, vous nous sommez de prouver que nous existons, que nous utilisons ces terres qui ont toujours été les nôtres, que nous avons des droits sur les territoires de nos ancêtres. Maintenant, c’est nous qui vous demandons: Et vous, de quel droit êtes-vous ici? ...

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