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À mon dernier souffle Notre voyage commence au bord du long fjord. L’air se fait plus léger, plus chaud. La hâte anime nos pas. Les montagnes s’abattraient presque sur moi. Les falaises penchent sur la mer. Je voudrais naviguer plus vite, passer promptement. Poursuivre la route en imagination, c’est plus qu’une possibilité – mon corps suivra. De vieux icebergs s’écoulent du glacier tout proche. Une vieille mer de glace entre dans la danse, claque contre l’étrave du bateau. Il faut ralentir, même si l’on ne veut pas. Bientôt, le fjord apparaît. Le courant s’enfuit avec les glaces flottantes. Les oiseaux de mer surgissent à la surface et déploient leurs grands corps comme des îles sur l’océan qui étincelle. [ 72 ] DES VEINES DU CŒUR AU SOMMET DE LA PENSÉE Immense quiétude du cours silencieux du fjord. Même les goélands traversent le ciel sans bruit. La hâte des retrouvailles est plus forte encore que l’an dernier, ici même, en ce jour. L’air est plus léger du parfum de la terre et des fleurs, aussi chaud qu’une caresse partagée. Au sommet des montagnes hautes, j’ai suffoqué, le souffle court, comme dans une transe de danse au tambour – il me faut un talus pour m’y reposer. Regardant l’horizon, j’aspire l’air à bouffées assoiffées; je regarde au-delà des montagnes vert bleuté, et la soif des retrouvailles me brûle les poumons. Et l’amour me rend le cœur lourd, cet amour que j’ai perdu pour cette partie de moi que je ne retrouve plus. [18.188.175.182] Project MUSE (2024-04-19 02:27 GMT) [ 73 ] DU SOMMET À MON ÂME Où es-tu, maintenant, toi, le grand néant, où nous retrouver – au bout de mon dernier souffle? ...

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