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L’intervention cognitivo-comportementale auprès des enfants et des adolescents atteints de phobie spécifique Martine Bouvard1 , Ph.D. PROFESSEuRE DE PSYCHOLOGIE CLINIQuE, PSYCHOLOGuE CLINICIENNE Responsable du DIu de thérapie comportementale et cognitive Responsable de l’unité de consultation psychologique des troubles émotionnels (laboratoire LIP), université de Savoie Chapitre 1 1. L’auteure remercieVirginie Bacconnet Dufour et Rachel Mariaz pour leur aide dans les illustrations cliniques. 14 Intervention cognitivo-comportementale auprès des enfants et des adolescents–Tome 1 1. La présentation de la problématique 1.1 La définition et la description clinique Le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-IV TR ; American Psychiatric Association, 2000) définit la phobie spécifique comme la peur persistante et marquée d’une situation ou d’un objet particulier. L’exposition à la situation phobique provoque presque toujours une réponse anxieuse, parfois même des symptômes d’une attaque de panique. La situation ou l’objet phobique est évité ou alors supporté avec une anxiété intense. Chez les jeunes enfants, l’anxiété peut se traduire par des pleurs, une réaction de figement ou encore un comportement d’agrippement. L’individu reconnaît que sa peur est excessive ou déraisonnable (ce critère n’est toutefois pas obligatoire pour les enfants). La phobie provoque une interférence marquée avec le fonctionnement de l’individu ou alors une détresse importante. La durée des symptômes doit être de plus de 6 mois. Les phobies sont habituellement divisées en cinq types: le type animal (p. ex., les chiens, les araignées), le type environnement naturel (p. ex., les orages, l’eau, les hauteurs), le type sang-injection-accident, le type situationnel (p. ex., les tunnels, l’avion, les ascenseurs) et le type «autre», regroupant la peur de bruits forts ou des personnages déguisés, de même que des peurs liées à l’étouffement ou au vomissement. D’après les données du DSM-IV TR, le type animal et le type environnement naturel débutent plus tôt dans l’enfance, alors que le type situationnel apparaîtrait plus tard dans l’enfance ou encore à l’âge adulte, entre 20 et 30 ans. 1.2. Les conséquences Les phobies spécifiques peuvent entraîner des conséquences négatives autant chez les enfants que chez les adultes. Nous illustrerons notre propos à partir de notre pratique clinique à l’unité de consultation psychologique des troubles émotionnels. Par exemple, les parents d’une enfant ayant une phobie des chiens peuvent en venir à être très vigilants lorsqu’ils sortent de la maison, surtout si leur fille traverse la rue en courant sans se soucier des voitures pour éviter de passer à côté d’un chien (voir vignette clinique, p. 17). Chez la plupart des enfants, la présence des parents devient souvent obligatoire pour pouvoir affronter les stimuli anxiogènes. Par exemple, la phobie du noir peut obliger un des parents à dormir avec son enfant. La vie sociale de la famille peut être perturbée. Par ailleurs, les résultats scolaires peuvent baisser en raison des difficultés de concentration , d’attention et de mémorisation, des conséquences possibles des préoccupations anxieuses envahissantes de l’enfant. Enfin, un retrait social peut être noté lorsque l’enfant ne veut pas prendre le risque de devoir affronter une situation phobique. [3.15.46.13] Project MUSE (2024-04-25 10:49 GMT) 15 L’intervention cognitivo-comportementale auprès des enfants et des adolescents atteints de phobie spécifique 1.3. La prévalence Les études épidémiologiques rapportent une prévalence se situant entre 2,3% et 9,2% en fonction de l’âge, ce qui fait de la phobie spécifique le trouble anxieux le plus fréquent chez les enfants, avec l’anxiété de séparation et le trouble d’anxiété généralisée (Muris, Schmidt et Merckelbach, 1999a; King et al., 2000; Muris et al., 2000; Ollendick, King et Muris, 2002). Les peurs les plus fréquemment rapportées par les enfants varient beaucoup d’une étude à l’autre. Ollendick (1983) rapporte que la peur du danger et celle de la mort constituent les peurs les plus fréquentes chez les enfants lorsqu’on utilise une liste de vérification (checklist) comme le FSSC-R (voir section évaluation). Toutefois, quand on demande aux enfants de nommer spontanément leur principal objet...

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