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Chapitre 5 Le Parcours eT Les PersPecTIVes du chaMP eT de La recherche eN éducaTIoN MuséaLe Michel allard Université du québec à montréal Depuis les dernières années, les musées et les institutions similaires connaissent un développement considérable. Développement qui se caractérise, certes, par une augmentation marquée de leur nombre et de leur clientèle, mais aussi et surtout par une redéfinition de leur rôle au sein de la société. Pendant de nombreuses années, sous l’influence des conservateurs et des spécialistes du patrimoine, ces institutions se sont vouées essentiellement à la recherche, à la conservation et à la diffusion d’œuvres d’art ou d’objets d’une valeur historique ou scientifique témoignant de la culture et du passé. Il en va autrement de nos jours. En effet, selon Catherine Ballé, sociologue des organisations,«[d]ans la majorité des pays occidentaux, mais aussi dans d’autres parties du monde, les musées ont effectué une véritable mutation et participent à l’évolution générale des sociétés» (Ballé, 2008, p. 12). D’après Roland Arpin, ancien directeur du Musée de la civilisation situé à Québec, «[l]a grande mutation du musée au singulier devenu musées au pluriel, c’est probablement d’être passé d’une institution axée sur le patrimoine d’hier à une institution centrée sur le patrimoine d’aujourd’hui; plus encore d’être passé d’une institution vouée à la conservation de l’objet inerte à une institution centrée sur la personne vivante, présente, sensible» (Arpin, 1997, p. 48-49). En d’autres termes, les musées ont dans leur mire le visiteur. Cette mutation s’inscrit dans un contexte de globalisation et de mondialisation accéléré par le développement des nouvelles technologies de la communication et de l’information. Elle engage plus directement et plus explicitement les institutions muséales dans deux directions à la fois complémentaires et, parfois, opposées: l’une, d’ordre social et l’autre, d’ordre économique. Ce changement de cap n’est pas sans conséquence, d’abord sur la typologie des musées, puis sur leur organisation , et enfin sur leurs fonctions en général et sur leur fonction éducative en particulier. l’axe social De nos jours, les musées se définissent de plus en plus comme des agents de transformation sociale et s’engagent politiquement dans des débats de société. Ainsi, d’après M. Bellaigue, ancien secrétaire et vice-président de l’ICOFOM (International Committee for Museology):«On s’oriente, vers une “mission sociale” et une dimension politique – au meilleur sens du terme» (Bellaigue, 2000, p. 4). Il ne faut pas alors s’étonner que les musées ne craignent plus d’aborder et de prendre position «sur d’innombrables sujets de contestation culturelle ou de tension sociale: identité, réflexivité, féminisme, minorités, exclusion ou inclusion, pluralisme, multiculturalisme, mondialisation, communautarisme , citoyenneté» (Ballé, 2008, p. 13).Ces sujets ne se confinent pas à des frontières nationales, mais se discutent un peu partout à travers la planète. L’implication sociale, de plus en plus proactive, se répercute sur plusieurs plans. Notons, plus spécifiquement, qu’elle a conduit à la création de nombreux musées dévolus non pas à une seule discipline mais à plusieurs. C’est ainsi qu’au Québec on a vu naître et progresser un Musée de la civilisation, situé dans la ville même de Québec, qui fait appel à toutes les disciplines dites de sciences humaines; ou encore une institution appelée le Biodôme, situé à Montréal, qui scrute les relations entre le climat, la faune, la flore et l’homme. Dans le domaine des arts, de nombreux centres d’exposition présentent, dans un contexte ethnographique , des œuvres d’artistes et d’artisans. Outre la création de musées multidisciplinaires, on voit les musées traditionnels, qu’ils soient d’art, d’histoire ou de science, se décloisonner et organiser des expositions dites thématiques, qui font appel à plus d’une discipline. Car, les questions sociales se situent à l’intersection et à la jonction de plusieurs approches. Ainsi, plusieurs muséologues visent à faire du musée «un outil de développement des communautés de base plus qu’une institution prestigieuse au service de l’élite» (varine, 2005, p. 3). 122 | La mUSéoLogie, ChamP...

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