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C H A P I T R E 3l L’attachement et les services de garde, que dit la recherche? Geneviève Tardif, Ph. D. Université du Québec en Outaouais Avec la collaboration de Lise Lemay Université du Québec à Montréal 150 PETITE ENFANCE, SERVICES DE GARDE ÉDUCATIFS ET DÉVELOPPEMENT DES ENFANTS En 2007, Robert Bowlby, le fils de John Bowlby, publie un article dans lequel il mentionne s’inquiéter pour les bébés et les jeunes enfants placés dans les services de garde (SG) qui n’arrivent pas à développer de liens d’attachement significatifs avec leurs éducatrices. Il défend l’idée que les enfants au style d’attachement sécurisé placés en SG et n’ayant pas établi de relations significatives avec une figure d’attachement secondaire présentent un facteur de risque au même titre que les enfants qui ont un style d’attachement insécurisé. Robert Bowlby n’est pas la seule personnalité connue à émettre des réserves face à la fréquentation assidue des enfants en milieu de garde. Déjà son père, John Bowlby1 (1953, 1969), était reconnu pour défendre avec ténacité l’idée que la place des enfants est auprès de leur mère – et, conséquemment, que la place des mères est auprès de leur enfant. Ainsi, depuis les années 1950, perdure un courant de pensée voulant que la mère (ou toute autre figure d’attachement primaire) soit la personne la mieux placée pour combler les besoins de son enfant et que le développement psychique de celuici serait affecté par des séparations répétées d’avec sa mère2 . D’autre part, les théories psychanalytiques, particulièrement celles relevant des relations d’objet3 , ont souligné l’importance des relations mère-enfant et père-enfant lors des premières années de vie sur la qualité de son 1. Ce point de vue a été avancé pour la première fois en 1953 à la suite de l’écriture d’un rapport pour l’Organisation mondiale de la santé. La Seconde Guerre mondiale tire à sa fin et Bowlby observe que beaucoup d’enfants ont été placés dans les campagnes loin de leurs parents ou se sont retrouvés sans parent, en orphelinat. Sans surprise, les études menées à cette période démontrent que 1) les enfants se portent mieux lorsqu’ils sont auprès de leurs parents, même si la relation est insatisfaisante ou que les circonstances environnantes sont stressantes (ici la guerre) et que 2) les enfants bénéficient davantage d’être placés dans une famille substitutive plutôt qu’en orphelinat. Il n’en faut pas plus à Bowlby pour conclure que la place des enfants est auprès de leurs parents. Bowlby a soutenu cette croyance jusqu’à sa mort en 1990. 2. Ces convictions s’inspirent également des recherches menées en institutions puis en garderies. Spitz et Wolf (1970) ont souligné les effets néfastes des carences de soins tout comme des séparations et des abandons chez les enfants de moins d’un an. D’ailleurs, on rapporte toujours qu’un pourcentage important d’enfants (pouvant aller jusqu’à 70 %) décèdent dans certains orphelinats pour cause de carences affectives et nutritionnelles (Lemieux, 2009). On sait que de longues séparations peuvent insécuriser momentanément ou de façon permanente la sécurité du lien l’attachement, la mère étant alors moins disponible pour répondre de façon sensible aux demandes d’assurance de l’enfant (Jaeger et Weinraub, 1990; Robertson et Robertson, 1989). 3. La théorie de la relation d’objet est l’un des courants importants de pensée en psychanalyse anglo-saxonne. Elle se définit comme étant l’étude des rapports relationnels qu’une personne entretient avec les objets (soi et autrui) qui constituent le monde dans lequel elle vit; ce monde étant tout autant interne qu’externe. L’un des principes centraux de cette théorie est que l’humain est avant tout un être relationnel. La théorie de l’attachement s’inspire de cette école de pensée. [3.15.219.217] Project MUSE (2024-04-20 09:38 GMT) L’ATTACHEMENT ET LES SERVICES DE GARDE, QUE DIT LA RECHERCHE? 151 développement futur. Par exemple, sur le site Internet de l’Institut Margaret Mahler4, à la...

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