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Chapitre 2 POUr GOûTer le CONTeNU d’UN liVre, il FaUT saVOir lire! Jean-Paul baillargeon Chaire Fernand-Dumont sur la culture INRS Urbanisation, Culture et Société Lors du Congrès de l’Acfas tenu à l’UQTR en 2007, nous avions présenté deux aspects touchant aux rôles des bibliothèques publiques au Québec: la diffusion de la culture et leur importance relative dans la chaîne du livre . Nous en rappelons ici les grandes lignes . 1. le raPPel de la PriNCiPale VUlNérabiliTé Il y a d’abord la taille de la population de notre société . Elle est fort modeste à l’échelle du continent américain, au nord du Rio Grande: moins de 2,5% . Même si cette société consacrait des ressources considérables à ses activités culturelles, celles-ci, en regard des montants alloués aux mêmes activités par son immense et opulent voisin du sud, resteraient d’une extrême modicité . Si la population des États-Unis équivaut à 40 fois celle du Québec, les sommes accordées par l’ensemble du secteur non marchand étasunien de la culture (Martel, 2006) correspondent au PIB de tout le Canada, ou à cinq fois le PIB du Québec . Face à un tel contexte, la bibliothèque publique a, au Québec, un rôle qu’elle n’a pas encore pleinement joué pour compenser notre petite taille et nos moyens modestes . 46 Enjeux des industries culturelles au Québec Cette faible taille joue aussi au détriment de nos industries culturelles, dont celle du livre . Non seulement notre démographie (environ 7,5 millions d’habitants) ne permet pas à une industrie québécoise du livre de survivre par la seule force du marché, mais cette industrie est aussi en concurrence, sur son propre territoire, avec des livres venus d’ailleurs, en particulier de la France . Il a fallu l’intervention de l’État québécois pour qu’on soit doté ici d’une chaîne du livre un tant soit peu viable . Par la Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre, toute institution publique, à l’exception des universités et de l’achat des manuels scolaires, doit se procurer ses livres auprès d’une librairie agréée . Entre 2000 et 2004, les ventes de ces librairies aux institutions ont représent é en moyenne plus de 22% de leur chiffre d’affaires . Au cours de la même période, près de 40% de ces ventes ont été faites aux bibliothèques publiques, représentant en moyenne environ 9% des ventes de livres de ces librairies (tableau 2 .1) . Sans ces achats institutionnels, beaucoup de nos librairies n’auraient pas survécu ni même vu le jour . En conséquence, l’accès au livre se serait cantonné principalement dans des villes ou des quartiers urbains à population fortement scolarisée et bien nantie . Ainsi, la chaîne québécoise du livre survit à l’ombre d’un colosse économique, militaire, politique et Tableau 2.1 Ventes des librairies aux institutions publiques, dont les bibliothèques publiques, Québec, 2000-2004, en millions de dollars et en pourcentage indicateur (unité) année 2000 2001 2002 2003 2004 Total (millions de $) 270,0 577,7 409,8 418,4 431,4 Institutions (millions de $) 67,7 72,5 53,3* 95,9 94,1 %/Total 25,1 19,2 13,0* 22,9 21,8 Bibliothèques (millions de $) 30,6 31,4 33,6 32,0 32,7 %/Total 11,3 8,3 8,2 7,7 7,6 %/Institutions 45,2 43,3 63,0* 33,4 34,8 * Données incomplètes pour les ventes aux institutions . Sources: Observatoire de la culture et des communications du Québec (2007), Statistiques principales de la culture et des communications au Québec, Québec, Gouvernement du Québec; Jacques Lemieux (2005), «Les ventes de livres neufs au Québec, 2001-2004», Statistiques en bref, no 14, juin; État des lieux du livre et des bibliothèques, 2004; calculs de l’INRS; Jean-Paul Baillargeon . [3.22.119.251] Project MUSE (2024-04-26 14:21 GMT) Pour goûter le contenu d’un livre, il faut savoir lire! 47 culturel, mais elle n’en serait pas là n’eût été de l’intervention de l’État, qui a créé pour ces établissements une sorte de marché captif . La taille...

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