In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Chapitre 11 la ValeUr de la CUlTUre OU les ValeUrs de la CUlTUre Jacques lemieux professeur associé en communication publique Université Laval Christelle Paré doctorante en études urbaines, INRS Jason luckerhoff professeur adjoint en communication sociale et études culturelles Département de lettres et communication sociale Université du Québec à Trois-Rivières Au cours du demi-siècle qui s’est écoulé depuis la création du ministère des Affaires culturelles du Québec (devenu depuis le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine [MCCCF]) au début de la Révolution tranquille, le développement des entreprises et organismes culturels au Québec s’est fait en partenariat avec les artistes et leurs organisations professionnelles . Il nous a donc semblé nécessaire d’intégrer au programme de recherche de l’action concertée du Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC) sur le «développement culturel» (DevCult) une analyse des points de vue exprimés par le milieu culturel sur l’état des lieux et les perspectives d’avenir du«modèle culturel québécois» . 316 Enjeux des industries culturelles au Québec La problématique générale du programme de recherche DevCult part du constat que le secteur culturel québécois a connu un succès étonnant , si l’on considère que le Québec constitue une «petite société» . Ce succès relatif de la production culturelle au Québec s’expliquerait de façon générale par les facteurs suivants: un fort sentiment identitaire québécois, un développement économique suffisant pour soutenir la production culturelle et générer des profits privés, l’appui des pouvoirs publics (paliers fédéral, provincial et, plus récemment, municipal) à la production et à la diffusion culturelle, l’ouverture aux produits culturels étrangers, l’adoption de plusieurs normes culturelles provenant du monde anglo-saxon, ainsi que la mobilisation des créateurs par le biais d’organismes de représentation actifs et efficaces . Il faut par ailleurs tenir compte de difficultés particulières: un marché relativement petit, dans un contexte de production industrielle internationalis ée des biens symboliques; un développement plus difficile dans certains domaines et certains genres; une orientation vers la valorisation par les marchés, qui laisse plutôt démunis des créneaux qui se valorisent par les critères culturels . De ce constat découlent deux grandes hypothèses de recherche: H1) Le succès relatif du secteur culturel au Québec repose sur une articulation particulière de l’État, des entreprises et des organismes de représentation . H2) Mais l’orientation vers la «valorisation par les marchés» risque de défavoriser les créneaux qui se valorisent par des critères proprement culturels . À partir de ces hypothèses de recherche, l’analyse du discours social sur le modèle culturel s’articule autour d’une série de questions de recherche plus spécifiques, qui ont permis de définir les systèmes catégoriels (ou variables) de notre analyse de contenu, ainsi que leur mise en relation: Q1) Le modèle québécois (défini en H1) fait-il ou non l’objet d’un large consensus? Sinon, pourquoi et par qui est-il contesté? Q2) La double valorisation (définie en H2) est-elle vraiment au centre des débats sur les enjeux culturels? Q3) Ces débats sont-ils limités au milieu culturel, ou s’étendent-ils à d’autres acteurs sociaux? Q4) Quels types d’enjeux suscitent les débats les plus tranchés? [3.14.70.203] Project MUSE (2024-04-23 23:48 GMT) La valeur de la culture ou les valeurs de la culture 317 Q5) Comment les diverses catégories d’intervenants se situent-elles par rapport aux enjeux? Q6) Quels types d’arguments utilise-t-on, selon les acteurs et les enjeux, pour appuyer ou contester le modèle québécois? Notre analyse du discours sur la culture s’est effectuée en deux volets: l’analyse de contenu d’une revue de presse de 185 textes (20062008 ) traitant de divers enjeux culturels, ainsi qu’une enquête qualitative par courriel (2008) auprès de membres de l’Union des artistes (UDA) et de l’Union des écrivains et écrivaines du Québec (UNEQ) . Dans le présent chapitre, nous examinons surtout les résultats de l...

Share