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Conclusion L’analyse du développement du Management Public dans les principales universités québécoises nous amène à confirmer les constats formulés par André Molitor il y a plus de 50 ans: des facteurs tant politiques, institutionnels qu’intellectuels ont jalonné la route qui a mené le Management Public de concept utilisé par un administrateur de l’ENAP jusqu’à la reconnaissance dont il jouit aujourd’hui. Le présent ouvrage a apporté une contribution complémentaire aux travaux s’inscrivant dans la tradition de Molitor en analysant l’interaction de ces facteurs et en explorant et retraçant leurs racines en s’appuyant sur la sociologie des sciences. À l’origine de l’intérêt pour l’étude et la formation en administration publique au Québec, que l’on parle d’Administration Publique, d’Analyse de politique ou encore du Management Public, se trouvent deux événements qui se sont produits au cours de la Révolution tranquille. Il y a d’abord la constatation par le gouvernement Lesage, rapidement après son arrivée au pouvoir, qu’une modernisation sociale et politique ne peut se faire complètement sans l’appui d’une administration dotée d’administrateurs chevronnés, alors quasi absents. Cette prise de conscience, qui arrive au moment où les cadres gagnent en importance dans toutes les organisations des pays occidentaux, amène le gouvernement québécois à se préoccuper de la formation des administrateurs publics. La recherche d’une collaboration avec des institutions universitaires, pour établir un programme de formation visant à pallier le manque de connaissances des administrateurs publics déjà en place et à former ceux qui le deviendront, demeure une constante. Le second élément qui stimule l’apparition de l’intérêt pour l’étude de l’administration publique au Québec est la restructuration du système universitaire de la province. Les universités déjà en place, comme l’Université 116 Conclusion de Montréal et l’Université Laval, ne sont pas aptes à répondre au besoin de formation de la fonction publique en raison de leurs structures traditionnelles . De plus, elles ne souhaitent pas entretenir de relations trop étroites avec le gouvernement québécois. C’est dans ce contexte, à la fin des années 1960, que l’ENAP voit le jour. Son établissement est rendu possible par la présence d’une nouvelle université en réseau, présentant une structure différente de l’université traditionnelle, l’Université du Québec. L’esprit de planification qui règne dans l’administration publique québécoise dans les années 1960 est remplacé dans les années 1970 par une volonté de rationalisation, qui se traduit par l’introduction du système de budget par programme et d’une plus grande importance accordée à la mobilité latérale des administrateurs publics. Pour les cadres, ces préoccupations font naître le besoin d’acquérir des connaissances et des habiletés généralement transmises par une formation en management. C’est là une dimension importante de l’émergence du Management Public en enseignement universitaire au Québec, mais elle ne peut suffire à elle seule à expliquer son émergence. En effet, ni le gouvernement québécois, ni les administrateurs de la province n’ont formulé de demandes explicites, que ce soit à l’ENAP ou à d’autres institutions universitaires, pour la création d’une formation en Management «Public». L’émergence du Management Public est liée à une stratégie institutionnelle visant à empêcher l’accès des écoles et des facultés d’administration des affaires au champ de l’enseignement en administration publique. L’institutionnalisation du Management Public est, comme c’est le cas de l’émergence, expliquée en partie par le contexte administratif et politique des années 1980 et 1990. Pour l’administration publique québécoise, ces années sont synonymes de restrictions budgétaires et de recherche de productivité, des préoccupations qui ont transformé l’administrateur public québécois en manager. À l’ENAP, le Management Public trouve dans ce contexte une justification à sa présence dans les programmes d’enseignement . Le processus d’institutionnalisation est également favorisé par la transformation de l’École dans les années 1980 et 1990. Au cours de cette période, l’ENAP développe des programmes d’enseignement plus conformes au modèle universitaire traditionnel, dont un programme de doctorat, ce qui permet au Management Public de confirmer sa...

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