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Chapitre 3 Engager l’imaginaire pour penser le devenir des paysages des périphéries urbaines1 Sylvain Paquette et Philippe Poullaouec-Gonidec 1. Ce texte prend appui sur certains travaux de recherche menés à la Chaire en paysage et environnement de l’Université de Montréal (CPEUM) en collaboration avec ses principaux partenaires, dont le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire, le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, les conférences régionales des élus de Montréal et de Longueuil, la Ville de Montréal ainsi que le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les auteurs désirent exprimer leur reconnaissance à Marc Chenouda, auxiliaire de recherche à la CPEUM, pour sa contribution à ce projet. 58 L’imaginaire géographique Développés au gré de la spéculation immobilière, des stratégies d’implan­ tation commerciale ou du développement des réseaux d’infrastructures publiques de toute sorte, les territoires de la périphérie urbaine renvoient le plus souvent à une impression de désordre, voire de chaos. Or ces espaces se composent également de noyaux villageois, de parcelles de ruralité, de fragments de nature. Aussi, en contrepoint du modèle de la ville «maîtrisée», plusieurs préfèrent parler aujourd’hui de «ville-­ territoire» (Chalas, 2003; Masboungi, 2009) en faisant référence à l’espace urbanisé diffus, polymorphique et polycentrique qui se développe rapidement en périphérie de la ville centrale. Si l’abondante littérature portant sur ces nouveaux territoires urbanis és s’est attachée à caractériser et à désigner les formes spatiales générées, qu’il s’agisse notamment de la matérialité concrète des cadres bâtis ou de la matérialisation des nouvelles pratiques sociales (Oatley, 2001), il nous apparaît également intéressant, à la suite de Lefebvre (2000), de comprendre les aspects immatériels de cette réalité. En effet, il est reconnu aujourd’hui que le travail d’élaboration symbolique de l’espace urbain, qui se traduit dans le discours des acteurs, dans les représentations et les récits (populaires et savants), contribue directement à façonner la ville (Mondada, 2000). Or l’effervescence narrative de la périphérie urbaine constitue très certainement un des traits marquants du déploiement de ces territoires. Aux États-Unis par exemple, certains admettent que le mythe de la fronti ère étroitement associé à la conquête des fronts pionniers du «Nouveau Monde» et que la quête de l’idéal arcadien constituent des ancrages imaginaires fondamentaux dans le déploiement de la périphérie urbaine (Ghorra-Gobin, 2006 ; Knox, 2008). Plus près de nous, lorsque Jacques Ferron évoque au tournant des années 1970 le «Farouest aux portes de Montréal» (Nepveu, 2004, p. 81-82) en parlant du faubourg longueuillois de Jacques-Cartier, il cherche à exprimer, selon Nepveu, ce mythe de la frontière, cette expérience de la bordure urbaine au cœur même de la vallée du Saint-Laurent. Par-delà ces grands récits, force est de reconnaître le caractère tout aussi structurant que pluriel des imaginaires urbains, qu’ils surgissent du travail de l’artiste ou de celui de l’aménagiste (Morisset et Noppen, 1999). Dans la foulée de cette réflexion, le présent texte désire montrer en quoi l’imaginaire des acteurs est indissociable de l’action et du devenir de la ville. Plus encore, il entend illustrer de quelle manière une perspective paysagère représente un terrain fertile pour penser l’articulation entre imaginaire, paysage et projet au regard, plus spécifiquement, du développement des territoires périurbains. En effet, de quelle manière l’imaginaire [18.118.9.7] Project MUSE (2024-04-26 05:37 GMT) Engager l’imaginaire pour penser le devenir des paysages des périphéries urbaines 59 module-t-il le développement récent des territoires périphériques? En quoi le paysage présente-t-il un intérêt certain pour penser le projet? Quelle lecture des territoires convoque-t-il? Enfin, quels moyens peuvent être mis en place pour stimuler et engager les imaginaires pluriels entretenus à l’égard des territoires et des cadres de vie périurbains afin d’enrichir les processus de planification? Ce texte propose donc quelques éléments de réflexion pour penser le...

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