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Introduction L’imaginaire géographique, un contrepoint à la réalité? Perspectives, pratiques et devenirs Richard Desnoilles, Mario Bédard et Jean-Pierre Augustin […] la géographie du monde ne commence-t-elle pas dans une géographie psychique, l’espace du dehors ne se trouve-t-il pas déjà prédéterminé dans un espace du dedans? (Wunenburger, 1996, p. 399) Depuis toujours, les géographes interrogent nos relations à l’espace, au territoire ou au lieu. Plus récemment, la mondialisation et les coûts croissants de nos modes de vie ont fait en sorte que ces relations sont devenues une préoccupation notable chez l’ensemble des sciences1. Mais que ce soit en tant que chercheurs, praticiens, gestionnaires ou simples 1. Quoique dans une moindre mesure, alors que pour les premiers le territoire est un sujet et, pour les secondes, un objet, un distinguo d’importance sur lequel nous reviendrons. 2 L’imaginaire géographique habitants, notre condition territoriale – aussi bien existentielle et biophysique que relationnelle et identitaire – nous oblige à nous intéresser tout spécialement aux diverses lectures que nous en faisons. Ce sont en effet ces lectures qui dictent nos comportements à l’égard de cette condition territoriale, qu’il s’agisse d’aménagement, de gestion ou de planification de ses traits et de ses ressources. Or, d’entrée de jeu, nous constatons que le regard que nous portons sur notre territorialité est fort complexe, car il implique simultanément plusieurs perspectives: si nous la percevons de fait par nos sens, nous l’appréhendons en même temps à partir de nos schèmes cognitifs et de nos valeurs – qui définissent le sens à accorder à nos affects et percepts – afin de comprendre, si ce n’est de nous approprier (ou de composer avec) un environnement tantôt familier, tantôt étrange (Kant, 2000/1790; Lefebvre, 2000/1974). Regarder un paysage, par exemple, ne consiste pas à en dégager ou à en produire l’image neutre d’un territoire qui se dévoilerait sans affectation à nous, mais plutôt, comme avec un sténopé, à en décliner ou à en reproduire une image déjà pleinement codifiée et signifiée (Sauer, 1925; Micoud, 1991). Pareille lecture n’est donc pas le fruit d’un processus conscient. Elle agit plutôt d’elle-même, partie prenante qu’elle serait d’un imaginaire géographique qui l’anime et qui structure le regard comme l’usage que nous faisons du territoire. Et c’est précisément cette idée selon laquelle l’imaginaire géographique serait la matrice de notre présence au, de et par ce monde2 que cet ouvrage collectif souhaite explorer en le posant comme un – sinon le – principe fondateur de notre condition territoriale. Ce questionnement est le prolongement du colloque L’imaginaire géographique, un contrepoint à la réalité ? Perspectives, pratiques et devenirs périphériques. Ce colloque, tenu à Montréal les 26 et 27 octobre 2009, fut organisé grâce au Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) en partenariat avec le Centre de recherche bordelais Aménagement, Développement , Environnement, Santé et Sociétés (ADES), avec l’appui du Département de géographie de l’Université du Québec à Montréal, de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain, de la Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, de l’Université de Bordeaux et du Conseil régional d’Aquitaine, que nous tenons à remercier. Cette rencontre avait pour dessein de revisiter cette notion d’imaginaire débattue depuis ­ l’Antiquité et qui a été remise à jour au sein des disciplines de sciences sociales depuis 2. Notre présence au, de et par ce monde est une formulation alambiquée succincte pour souligner l’ampleur et l’importance de notre présence en ce monde car nous y sommes en termes de site et de situation [au], nous en sommes de manière identitaire [de] et nous en dépendons de manière existentielle [par]. [3.145.156.250] Project MUSE (2024-04-26 12:12 GMT) Introduction 3 maintenant plus d’un demi-siècle avec, comme précurseurs, Mills (1967), Bachelard (1974), Debord (1996), Durand (1968) ou encore Caillois (1974) et Castoriadis (2002/1975). Surtout, depuis le début des années 19803, certains géographes n’hésitent pas à étudier les liens qu’entre­ tient la société avec son territoire à travers le prisme de la représentation. Ces auteurs francophones (Bailly, 1980...

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