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Pourquoi le plaisir? Parce qu’il guide vers plus de vie Pourquoi se préoccuper du plaisir? Et particulièrement du plaisir en relation? L’hédoniste répondrait: «Parce que le plaisir attire et stimule. Parce qu’il guide l’action vers plus de vie, plus de joie de vivre.» Nous pourrions ajouter: «Parce que le plaisir est présent partout, dans tout ce que chaque personne s’efforce de faire durer et croître. Parce qu’il est omniprésent dans tous les échanges que chacun établit et entretient: plaisir de travailler, plaisir à échanger avec des amis, plaisir d’écouter de la musique, de partager sa table, etc. Parce que le plaisir est intimement lié au développement de nos manières d’être en relation avec le monde qui nous entoure: objets, personnes, lieux, moments, etc. Enfin, parce qu’il indique dans quelle mesure la relation est en accord avec nos désirs. Plus encore, parce que le plaisir consolide les liens au sein desquels se développent et se transforment nos manières d’être en relation avec les autres.» Pourtant, comme en témoignent les conversations de tous les jours, il semble bien qu’on n’accorde pas au plaisir toute l’attention qu’il mérite. À en croire certaines bribes de conversations volées au hasard dans des cafés ou des restaurants, dans des corridors, etc., on se rend compte que celles-ci tournent plutôt autour des contrariétés de la vie que de ses plaisirs. Les difficultés interpersonnelles, les petits bobos et les soucis de la vie quotidienne y occupent généralement une place prépondérante. On échange à propos des désagréments qu’on aimerait faire dispara ître. Au fil de la conversation, chacun évoque ce qui le dérange et partage avec ses interlocuteurs ses petits malheurs: correspondance de métro ratée, mauvais rhume, surcroît de travail, comportement d’un collègue, etc. Bien sûr, ces échanges permettent à la personne de mieux comprendre ce qui l’affecte et d’agir ainsi plus efficacement pour corriger la situation et réduire les désagréments qui en découlent. Tabler sur le plaisir 10 Mais tout se passe au quotidien comme si lutter contre l’inconfort et régler des problèmes prenait toute la place. La recherche du plaisir est reléguée aux oubliettes de la conscience. Bien sûr, on nous dira que certaines relations de plaisir peuvent être néfastes, que trop de plaisir peut mener à la débauche. On évoquera l’exemple d’individus tombés dans la dépendance aux drogues ou à l’alcool par des relations perverties: prostitution, domination, échange de drogues, abus, etc. Relations qu’on associera alors aux plaisirs. L’argument étant que ces relations de «plaisir» mèneraient à l’autodestruction. L’erreur est de poser sur le plaisir un regard entaché de jugements moraux qui amalgament plaisir et débauche ou opposent morale et plaisir. Toutefois, notre but n’est pas ici de proposer une explication du comment et du pourquoi ces relations néfastes peuvent se maintenir et se développer1, ni non plus de discuter du pourquoi ou du comment modifier ce type de relations. Notre objectif est d’examiner le plaisir en relation et d’en montrer certains déterminants liés à la situation relationnelle. 1. Trop nombreux pour les citer sont ceux qui ont proposé des modèles explicatifs du développement de ce type de relations. Mentionnons seulement Berne (1971, 1976, 1983), Laing (1969, 1971), Swann (1985, 1987, 1990), Watzlawick (1972, 1981) et nous-mêmes dans le cadre d’un précédent ouvrage (Mongeau et Tremblay, 2002) où nous explorons le rôle de l’inconfort dans nos vies et sur notre développement. ...

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