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Le recadrage de la situation modifie les plaisirs Dans une même situation, le plaisir de chacun peut aussi être de nature différente. Par exemple, lors d’une réunion de travail, une personne peut prendre plaisir à argumenter, tandis qu’une autre prendra plaisir à diriger le débat. Pour la première personne, la situation est une occasion de prendre plaisir au débat. Écouter, persuader, tenter de voir ou présenter les choses différemment constitue son plaisir à participer. Pour la deuxième, le plaisir réside plutôt dans le contrôle de la démarche. Il s’agit moins de contribuer au contenu des échanges que de structurer la démarche. Les deux formes de plaisir coexistent alors simultanément, comme en parallèle. Par ailleurs, l’aspect momentané et situationnel du plaisir en relation, et son lien avec la manière d’être en relation des partenaires, ouvre une possibilité d’action pour modifier son plaisir en relation. En effet, si on ne peut s’efforcer ni décider volontairement d’éprouver du plaisir, on ne peut pas non plus forcer l’autre à en éprouver. Même une sensation agréable pourra susciter une aversion si elle est imposée. On ne peut pas s’obliger à aimer ou à ne pas aimer, ni à prendre plaisir ou pas à une situation. L’attirance ou la répulsion générées, par exemple, par une manière autoritaire d’intervenir, un ton de voix, une allure, etc., ne peuvent être directement contrôlées ou annihilées. Toutefois, on peut changer son interprétation de la situation et sa manière d’être dans la situation. Si on parvient à renouveler son interprétation de la situation et à ajuster en conséquence sa manière d’agir, on modifie du même coup le champ des plaisirs accessibles. Si, plutôt que de réagir à l’indifférence de l’autre en manifestant sa propre indifférence, on réagit en interpr étant la situation comme un défi à relever, on peut alors prendre plaisir à tenter de susciter chez l’autre une réaction à son égard. Ou encore, si on interprète cette indifférence comme une critique voilée, on pourrait prendre plaisir à répondre à cette critique et chercher à contrarier son partenaire. On pourrait même prendre plaisir à s’y opposer ouvertement. On peut aussi tenter de modifier directement Tabler sur le plaisir 8 ses manières d’agir. Toutefois, comme les réactions affectives et les désirs, les premières réactions spontanées sont difficilement contrôlables. Les réactions d’irritation ou de joie, par exemple, transparaissent souvent à l’insu même de la personne. Mais on peut, dans un deuxième temps, choisir d’agir différemment ou poursuivre son action différemment ou à tout le moins tenter de moduler ses manières de faire habituelles. Ce faisant, on transforme la situation, et donc les plaisirs qui lui sont inhérents. Si, après une première réaction d’irritation, on décide de ne pas s’énerver, d’écouter calmement ce que l’autre dit avant de parler, on retourne la situation à son avantage et on découvre les plaisirs qui s’offrent à soi. De même, si, après la première réaction d’irritation, on décide d’ouvrir les vannes, de se laisser aller à vider son sac, on modifie aussi la situation et les plaisirs qui lui sont rattachés. Là, dans l’action sur sa propre interprétation de la situation et dans les choix volontaires qui modulent ses réactions, réside une possibilité d’intervention pour accentuer son plaisir. En somme, au-delà des caractéristiques de l’autre, la manière d’être en relation des partenaires, et plus particulièrement la manière de chacun de réagir aux propositions de l’autre, contribue grandement à déterminer leurs possibilités de plaisir. Le plaisir des partenaires est défini par la rencontre des perceptions et des manières d’être de chacun. C’est du moins le point de départ de cet ouvrage. ...

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