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Plaisir et manières d’être vont de pair La notion de plaisir est facilement associée au laisser-aller ou au fait de profiter de quelque chose: plaisir des vacances, plaisir de ne rien faire, plaisir d’une bonne table ou d’un bon vin, plaisir de la musique ou d’un spectacle. Mais le plaisir n’est pas que réception passive. Lorsqu’il s’associe au désir de prolonger et de répéter ces situations agréables, il peut même résider dans l’effort fourni et l’apprentissage de nouvelles manières d’être. Par exemple, dès la naissance, le plaisir du bébé qui gazouille sous les chatouillements de ses parents participe à la consolidation de la relation. Son plaisir suscitera des tentatives de prolongation et des répétitions de cette forme d’interaction avec ses parents. Du côté de ces derniers, le plaisir à chatouiller l’enfant qui gazouille consolide cette manière d’interagir avec lui. Leur plaisir respectif participe à la construction de leur relation et au développement de leur manière d’être en relation. De même, deux personnes qui, sous le coup de la colère, prennent plaisir à se dire le fond de leur pensée peuvent être conduites vers de nouveaux apprentissages. Le plaisir ressenti à s’exprimer franchement, sans détour, peut les conduire à développer leur habileté à oser et à affronter l’adversité. Le plaisir participe au renforcement et au raffinement des manières d’agir et de réagir et favorise l’émergence de nouveaux plaisirs qui, à leur tour, encouragent (ou non) le maintien des comportements à la source de ces plaisirs. Ainsi, lorsqu’on a du plaisir à être en relation avec une personne, ce plaisir encourage à maintenir et à raffiner sa manière d’être en relation avec elle. Raffinement qui, à son tour, perpétue la manière d’être en relation. Par exemple, une touriste prend plaisir à parler de tout et de rien avec les gens qu’elle rencontre. Elle parle du temps qu’il fait, les interroge sur leur métier, etc. À chaque nouvelle rencontre, elle perfectionne , sans même s’en rendre compte, sa manière de faire, d’aborder les gens, Tabler sur le plaisir 18 d’interagir, etc. Elle s’ajuste à la culture et aux pratiques locales. Ce faisant, elle est amenée à découvrir des expressions, à partager de nouvelles activités et à expérimenter de nouveaux plaisirs. À l’opposé, la disparition du plaisir peut provoquer l’étiolement, voire la fin de la relation, du moins telle qu’elle était définie. Ainsi, l’enfant qui se rebelle contre l’autorité parentale éprouve plus de plaisir à émettre des critiques, à piquer des colères, à se comporter de façon contraire aux attentes, etc., qu’à maintenir la relation parents-enfants qui ne lui apporte plus le plaisir souhaité. De même, des époux en instance de divorce pourraient prendre plus de plaisir à transformer ou à rompre leur relation qu’à tenter de préserver leur manière d’être ensemble. Par ailleurs, la découverte et l’exploration de nouveaux plaisirs transforment la relation. L’exploration par l’adolescent du plaisir de s’affirmer transforme sa relation avec ses parents. La découverte d’une nouvelle relation plus riche ou encore l’exploration de l’autonomie par l’un des époux transformera leur relation. Ces transformations ouvrent à leur tour la voie à l’émergence de nouvelles manières d’être en relation et aux plaisirs qui leur sont associés (plaisir de contrarier l’autre, de fuir, de s’engager, de persévérer, etc.). Ainsi, la recherche du plaisir en relation et le développement de ses manières d’être en relation apparaissent comme les deux faces d’une même médaille, l’une et l’autre vont de pair. Les interactions plaisantes alimentent et stimulent chez les partenaires une manière d’être en relation qui favorise le maintien de cette relation. Ainsi, deux partenaires qui prennent plaisir à se répondre du tac au tac améliorent leur habileté respective à interagir de la sorte. Ce faisant, ils augmentent leur chance de maintenir et de renforcer cette relation en tant que source de plaisir. Cependant, l’ordre d’apparition des phénomènes pourrait être mis en question . Certains pourraient avancer que ce n’est pas le plaisir qui favorise le développement de ses manières d’être en relation, mais plutôt le développement de ses manières...

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