In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

C H A P I T R E 4 Enfants maltraités Quel rôle pour l’école? Denise Curchod-Ruedi Haute école pédagogique du canton de Vaud (Lausanne) Pierre-André Doudin Université de Lausanne et Haute école pédagogique du canton de Vaud (Lausanne) Nicolas Meylan Université de Lausanne [18.226.251.22] Project MUSE (2024-04-25 10:07 GMT) Enfants maltraités: quel rôle pour l’école? 67 Les maltraitances envers les enfants dans et par leur milieu familial représentent un facteur important de risque pour leur développement et la qualité de leur insertion scolaire (Erkohen-Marküs et Doudin, 2000) . La détermination de la société à protéger les enfants de possibles mauvais traitements et les réseaux de soins qui en ont découlé participent à leur prévention. L’école a un rôle important à jouer dans ces réseaux puisqu’elle peut constituer un facteur de protection (AllesJardel , Malbos et Sanches, 2000; Curonici, Joliat et McCulloch, 2006). En effet, l’école est une opportunité pour ces enfants de bénéficier d’un ancrage social favorable, notamment pour le développement de leurs compétences relationnelles. Cependant, les violences institutionnelles qui peuvent se produire en classe et dans les établissements scolaires entraveraient l’école dans sa fonction de protection des élèves victimes de maltraitance. En effet, l’enfant maltraité a tendance à intégrer des modèles d’interactions violentes et à les reproduire dans le milieu scolaire, que ce soit à l’égard des pairs ou des enseignants (Christen, 1998; Christen, Heim, Silvestre et Vasselier-Novelli, 2004; Doudin et Curchod-Ruedi, 2008b, 2010; Curchod-Ruedi et Doudin, 2010). Face à la pénibilité que peuvent représenter de tels comportements, l’enseignant ou l’enseignante risque à son tour d’adopter des interactions violentes générant ainsi de nouveaux abus à l’égard de l’élève, et cela d’autant plus s’il est épuisé professionnellement. Si tel est le cas, l’école est mise en échec: elle ne parvient pas à assurer les facteurs de protection, mais renforce les facteurs de risque liés aux abus par une polyvictimisation de l’enfant: aux abus subis dans la famille viennent s’ajouter les abus subis dans l’institution scolaire. Sans doute à leur insu, l’école et ses professionnels risquent ainsi d’entrer dans le cercle vicieux de la violence auquel il devient difficile de mettre un terme. De ce point de vue, la prévention des violences institutionnelles devrait permettre de renforcer le rôle favorable de l’école auprès de tous les élèves, et plus particulièrement auprès de ceux qui ont été maltraités afin qu’ils puissent se développer de manière optimale . En nous appuyant sur des recherches (Alles-Jardel, Malbos et Sanches, 2000; Christen, Heim, Silvestre et Vasselier-Novelli, 2004), et plus particulièrement sur nos études (Curchod-Ruedi et Doudin, 2010; Doudin et Curchod-Ruedi, 2008b, 2010), nous proposons quelques pistes de réflexion. D’abord, nous abordons les conséquences des maltraitances sur les élèves et leur scolarité . Nous examinons ensuite le rôle de l’école à l’égard de ces élèves particulièrement malmenés en abordant tant les facteurs de risque que les facteurs de protection 68 La santé psychosociale des élèves que peut représenter cette dernière. Selon notre approche, la santé psychosociale des professionnels de l’école représente en soi un facteur de protection non négligeable pour les élèves ayant subi des maltraitances, notamment quand les professionnels scolaires ont développé des compétences à réguler et comprendre leurs émotions et celles des autres. Nous avons montré (Curchod-Ruedi et Doudin, 2010; Doudin et Curchod-Ruedi, 2008b, 2010) que les enseignants et enseignantes en risque d’épuisement professionnel ont davantage tendance à développer des violences d’attitudes à l’égard de leurs élèves, en particulier avec ceux qui adoptent, souvent parce qu’ils les ont subies, des interactions de type violent. C’est pourquoi nous développons dans ce chapitre l’importance de prendre en compte la santé psychosociale des professionnels de l’école afin de favoriser la santé psychosociale des élèves (voir à ce propos Curchod-Ruedi, Doudin et Baumberger, 2011). Nous montrons comment les facteurs de protection pour les enseignants et enseignantes comme la compréhension des émotions et le soutien social sont protecteurs pour les élèves, en particulier ceux qui sont victimes de mauvais traitement dans...

Share