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Chapitre 4 Métropolisation et réseau des villes L’armature territoriale de l’espace-monde Sylvain Lefebvre Les villes sont des territoires qui, de tout temps, ont été des éléments structurants des systèmes-monde qui se sont succédé1. De l’Antiquité, en passant par le Moyen Âge et la révolution industrielle, les villes ont toujours été déterminantes et en relation particulière avec toutes les autres formes de territoire. L’espace mondial s’urbanise à une vitesse inégalée. En 1950, la population urbaine représentait 33% de la population 1. Un «système-monde» sera défini ici comme une vision synchronique de l’environnement planétaire à divers moments de l’histoire. Un système-monde possède un niveau de cohérence déterminé par plusieurs variables historiques. Ainsi, nous pourrions parler du­ système-monde de l’Empire romain, du système-monde de la Renaissance, du systèmemonde de l’entre-deux-guerres, du système-monde contemporain, etc. 122 Le monde dans tous ses États totale mondiale. En 2020, ce pourcentage avoisinera les 60% et les taux d’urbanisation et de croissance urbaine ne sont pas près de diminuer. Plus de trois milliards d’hommes et de femmes habitent aujourd’hui dans les villes et, de ce nombre, environ 9% dans des agglomérations de plus de 10 millions d’habitants. Le monde d’aujourd’hui est un monde de villes. Des villes qui structurent et recomposent les règles des échanges commerciaux, les réseaux socioculturels et de solidarité, les légitimités politiques de certains espaces ou de certaines actions territoriales et, bien sûr, nos comportements et nos modes de vie. 4.1. Définir la ville En géographie, en urbanisme et plus globalement dans le champ des études urbaines, une question fondamentale demeure sans réponse bien précise: qu’est-ce que la ville? Quel est le dénominateur commun de toutes les villes de l’histoire? Quand la première«ville» est-elle née et pourquoi? Ces questions soulèvent encore aujourd’hui plusieurs débats au sein de diverses disciplines (histoire, géographie, sociologie, économie). L’historicité du phénomène urbain n’est pas neutre puisqu’elle utilise un large éventail de notions et de concepts qui prennent des significations fort différentes selon les ­ cultures, les époques ou les conjonctures2. C’est que la ville n’est pas un territoire facile à définir avec précision. Les critères retenus pour qualifier un espace de «ville», pour distinguer l’espace urbain de l’espace « non urbain» peuvent varier de façon significative selon les contextes. Ainsi, la taille démographique, la grande densité d’occupation d’un territoire ou la superficie utilisée servent encore aujourd’hui de balise politique ou administrative pour qualifier un espace de «ville». Dans certains pays, une ville doit avoir un minimum de 2 000 ou encore 5 000 habitants pour être considérée comme telle3. De même, la spécialisation des activités économiques, le niveau de centralité par rapport à des 2. De même, notre perception du phénomène urbain est vraisemblablement minée par l’exp érience vécue de la ville. Par exemple, l’image que se font plusieurs, de la ville de verre, d’acier et de béton qui pollue, qui écrase par le poids de ses activités, le bruit, la densité des bâtiments, les foules, etc., vient confronter une image plus positive pour d’autres: celle d’un lieu excitant, d’effervescence d’activités, de densité d’interactions humaines, etc. Notre capacité d’analyse du phénomène urbain est affectée par cette dimension subjective de l’expérience urbaine et celle-ci est différente selon les époques, les régions du monde, etc. 3. Malgré ces éléments de débat et par besoin d’opérationnaliser des politiques et des stratégies sur divers acteurs sociaux, les définitions du phénomène urbain convergent vers certaines balises démographiques et territoriales applicables aux concentrations urbaines et aux agglom érations. Ainsi, l’Organisation des Nations Unies considère qu’un territoire urbanisé de 5 000 habitants et plus peut se qualifier comme «ville». [3.133.147.252] Project MUSE (2024-04-19 00:04 GMT) Métropolisation et réseau des villes 123 territoires non urbains (la campagne, les espaces ruraux, naturels, l’Hinterland4...

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