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Chapitre 10 La mise en place d’une gestion intégrée sur le littoral d’Afrique de l’Ouest Associer gestion moderne et initiatives locales Emmanuel Charles-Dominique, Alioune Kane et Alioune Ba 210 Zones côtières et changement climatique Résumé Le littoral d’Afrique de l’Ouest, de la Mauritanie à la Guinée, a connu en quelques décennies un accroissement considérable de sa population et de ses activités (bâti, tourisme, transports, pêche, etc.), produisant un fort impact sur l’environnement, se traduisant par une dégradation importante des paysages et du milieu côtier. Cette croissance dans certains secteurs n’a pourtant pas permis d’améliorer la satisfaction des besoins de base, première priorité du développement durable. La réponse à la question du développement est contrastée suivant que l’approche retenue s’attache au niveau macroscopique (performance des politiques publiques) ou local (dynamiques à l’œuvre dans les sociétés). Le choix de l’approche renvoie au dualisme profond des sociétés africaines opposant secteur traditionnel et moderne. La gestion intégrée de la zone côtière (GIZC) n’a pas franchi le stade de l’ébauche dans la région. La revue des données et des conditions de la GIZC (limites du système littoral, enjeux de société et d’environnement, acteurs du développement) renvoie invariablement à la question du développement. Au niveau local, il existe des pratiques qui paraissent durables et qui présentent des formes élaborées de gestion, qu’elles soient encadrés ou non par l’administration ou les ONG, qu’elles affichent explicitement ou non des objectifs de développement durable. De telles pratiques diversifiées, une fois coordonnées, pourraient constituer la base d’une gestion intégrée à plus grande échelle. [18.117.196.217] Project MUSE (2024-04-23 14:14 GMT) La mise en place d’une gestion intégrée sur le littoral d’Afrique de l’Ouest 211 En Afrique de l’Ouest, le littoral est soumis à une densité élevée de population et d’activités à proximité de zones écologiquement sensibles. On y observe des dégradations de plus en plus fréquentes de l’environnement côtier, qui vont en s’aggravant1. La réponse à ces problèmes a d’abord été recherchée dans le cadre d’approches sectorielles de gestion des ressources renouvelables ou de protection des milieux (par exemple, réglementer la pêche pour réduire la surexploitation) qui sont toujours présentes et actives. L’idée de GIZC a été introduite plus récemment comme cadre de réflexion dans certains programmes de recherche et de conservation pour aborder les questions du développement durable et de ses nouveaux enjeux, notamment la conservation et la gestion locale (Quensière et al., 2006). Cependant, le processus débute et n’a pas atteint le niveau d’un fonctionnement institutionnel. Deux spécificités peuvent être considérées comme déterminantes pour aborder la problématique du développement durable du système littoral ouest-africain. La première est que la satisfaction des besoins de base, notamment alimentaires, n’est pas assurée pour une partie importante de la population . En avril 2008, la spéculation sur le prix du riz et du blé a provoqué en ville des «émeutes de la faim» montrant un paroxysme de pauvreté et l’absence d’autosuffisance et de sécurité alimentaire. La priorité immédiate dans la région est donc celle d’un développement orienté vers la satisfaction des besoins fondamentaux. De la sorte, l’environnement, le réchauffement climatique (dont on craint un impact plus fort dans les pays du Sud) et la perte de biodiversité sont des préoccupations certes entendues et prises en compte, mais qui cheminent lentement et qui gardent une priorité secondaire dans les politiques publiques des pays du Sud (Gray, 2003). Comment une politique de «développement durable» pourraitelle permettre un développement suffisant? Deux approches du développement dans la région semblent s’opposer (Chauveau, 2007). La première propose des modèles qui concernent des échelles plutôt macroscopiques et s’attache à évaluer d’abord la performance des systèmes et des politiques mises en œuvre. La deuxième, plutôt «locale» ou territoriale, privilégie les processus et décrit le comportement des acteurs et les contraintes qu’ils doivent affronter...

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