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Chapitre 8 Les pressions anthropiques, les mesures de protection et les défis de gestion participative en Guadeloupe et à la Martinique Michel Desse 166 Zones côtières et changement climatique Résumé Les littoraux de Guadeloupe et de Martinique connaissent des pressions anthropiques nombreuses et variées du fait de la mise en tourisme et surtout de la transformation des modes de vie, entraînant la requalification sociale et fonctionnelle des zones côtières. Si de larges portions littorales sont prot égées grâce à la mise en réserve terrestre ou marine, ou par le biais des parcs naturels, se pose la question de la gestion des zones littorales densément peuplées. Nous présenterons certaines initiatives de GIZC qui montrent les difficultés à dynamiser les différents acteurs et à mettre en place une gestion participative. [3.149.26.246] Project MUSE (2024-04-19 09:47 GMT) Les pressions anthropiques, les mesures de protection et les défis de gestion 167 Si, dans les années 1970, on quittait les mornes et les petits villages agricoles pour les villes capitales et les aires périurbaines, depuis la fin des années 1980 de nouvelles dynamiques apparaissent en faveur des communes littorales et surtout balnéaires.Ainsi, les littoraux de ­ Guadeloupe et de Martinique connaissent des pressions anthropiques nombreuses et variées du fait de la mise en tourisme, de la transformation des modes de vie et des regards portés sur la mer. On est ainsi passé de la mer nourricière à la mer loisir. Ceci est renforcé par les municipalités qui réorganisent leur front de mer, déplaçant les populations les plus pauvres et même les familles de marins-pêcheurs afin de les protéger des aléas cycloniques au profit d’activités de loisir et de tourisme. Dans ces conditions, les pressions foncières sont fortes, entraînant la requalification sociale et fonctionnelle des zones côtières. Depuis quelques décennies, de larges portions littorales sont­ protégées grâce à la mise en réserve terrestre ou marine, ou par le biais des parcs naturels. Dans les autres portions littorales, il se pose la question de la gestion des zones littorales densément peuplées. Nous présenterons certaines initiatives de GIZC qui montrent les difficultés à dynamiser les différents acteurs (institutions, collectivités, habitants, professionnels de la mer) et à mettre en place une gestion participative. En effet, les nouvelles populations littorales ont parfois des liens à la mer très réduits, se résumant pour certains à un simple décor, et sont peu impliquées dans la vie locale. L’action des acteurs politiques est elle aussi freinée par la forte pression foncière et la spéculation, qui empêchent parfois la force et la cohérence des politiques publiques sur le long terme. 1. La requalification territoriale des littoraux antillais Dès la prise de possession de la Guadeloupe et de la Martinique, les­ littoraux accueillent les premières bourgades et les premières fortifications. Très rapidement, avec le développement de l’économie de plantation, les îles se détournent partiellement de la mer pour adopter les valeurs de la terre reposant sur les cultures d’exportation, l’habitation et le bien foncier. 1.1. Du glacis militaire au réceptacle de l’exode rural Dans les îles françaises, dès 1674, la bande côtière des «50 pas du Roi» qui appartient au domaine privé de la Couronne est instituée en réserve, libre de passage afin d’y construire des fortifications. Cependant, dès 168 Zones côtières et changement climatique­ l’origine, les artisans (pêcheurs, maçons et charpentiers) peuvent s’y installer . À partir de 1827, les «50 pas du Roi» entrent dans le domaine public, devenant inaliénables. Avec la disparition de la monarchie, les «50 pas du Roi» deviennent les «50 pas géométriques» et s’étendent sur 81,20 mètres. En 1848, à la suite de l’émancipation mettant fin à l’esclavage, et surtout entre 1930 et 1970, les populations indigentes investissent les littoraux , surtout à proximité des agglomérations. Cette appropriation d’un territoire ouvert n’est pas revendiquée par l’État et est même encouragée par les municipalités qui manquent de réserves foncières. À Fort-de-France, Aimé Césaire a ainsi soutenu les habitants des quartiers d’habitat spontan...

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