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Chapitre 2 ÉVALUER LA PROGRESSION D’UN STAGIAIRE FUTUR ENSEIGNANT Carine Dierkens Directrice de la catégorie pédagogique, Haute École de Bruxelles (HEB-Defré) cdierkens@heb.be RÉSUMÉ Dans le cadre de la formation initiale des futurs enseignants, une équipe de formateurs issus d’une haute école bruxelloise a entrepris une recherche visant à construire, expérimenter et analyser une démarche globale, interdisciplinaire et progressive permettant d’évaluer l’ensemble des compétences professionnelles développées tout au long de la formation pratique des stagiaires. Le triple défi de ce groupe de travail fut d’opérationnaliser les compétences professionnelles en une série d’indicateurs selon les années d’études, de mettre en place des activités de construction de l’identité professionnelle qui permettent un travail autoévaluatif d’introspection et d’harmoniser les pratiques et attitudes évaluatives des différents intervenants. Ce dispositif est actuellement appliqué dans une logique de réajustement progressif, de remise en question constante en fonction aussi des contraintes et modifications décrétales. Les démarches évaluatives mises en place ont également été définies dans la cadre d’une réelle éthique de communication pédagogique que tout évaluateur est tenu de respecter. – Favoriser la progression des stagiaires en enseignement – 36 L’évaluation de la progression d’un stagiaire futur enseignant s’appuie non seulement sur une instrumentation spécifique utilisée lors de l’accompagnement pédagogique, mais aussi sur la prise en compte des variables personnelles qui agissent dans un parcours de développement professionnel. Cet article fait état de l’avancée d’une démarche de recherche commenc ée en 2006, dans le cadre de la formation initiale des futurs enseignants, par une équipe de formateurs issus d’une haute école bruxelloise. L’objectif était d’arriver à instrumentaliser et à mutualiser un processus complet d’évaluation des compétences professionnelles d’un stagiaire. Ce processus devant prendre en compte, dans un contexte de formation fortement balisé par des contraintes institutionnelles et décrétales, tant des éléments objectifs que des caractéristiques subjectives liées à la construction identitaire. Les pistes explorées s’appliquent à un contexte de formation belge, mais peuvent également trouver un écho chez tout formateur de futurs enseignants. 1. LA PROBLÉMATIQUE SOULEVÉE La dynamique formative, lors d’un stage, est déterminée par une série de dimensions rationnelles maîtrisées, mais également par des variables qui échappent pour la plupart à la formation elle-même: l’histoire personnelle des étudiants, les identifications et contre-identifications, les mécanismes inconscients de l’appareil psychique, les habitus, la théorie pédagogique implicite. Le «labyrinthe intérieur» de chaque futur enseignant, décrit par Ada Abraham (1984), est habité par ses conflits, les idéalisations qu’il projette sur les élèves, sur les professeurs-superviseurs, sur les maîtres de stage1 ainsi que sur la situation éducative elle-même. L’activité pédagogique se définit par une série de tâches professionnelles, mais dépend aussi d’éléments psychologiques tels le rapport à l’autorité et au pouvoir, l’acceptation ou la résistance au changement et au dépassement, la position affectée au savoir ainsi que la capacité de questionner son rôle et son identité (Baillauquès, 1990). 1. En Belgique, les maîtres de stage sont les enseignants qui accueillent un étudiant dans leur classe lors d’un stage pratique. – Chapitre 2 – 37 La conception d’une évaluation formative adaptée aux besoins de chaque étudiant postule toutefois que l’histoire est dynamique et évolutive, que l’individu est capable de réinterpréter les événements, ses pratiques, ses habitus, et d’en changer le sens. Il opère ainsi un travail de conscientisation rendant possible l’abandon des habitus impropres et l’acquisition de nouveaux (Pourtois et Desmet, 1997). Si l’évaluation des compétences professionnelles identifiées à travers un ensemble de tâches peut se faire sous une forme critériée à partir d’indicateurs observés en situation pratique réelle, qu’en est-il de la part évaluative touchant les aspects plus subjectifs, intrapersonnels, liés aux fondements mêmes de l’identité professionnelle en devenir? Comment concilier une démarche évaluative à visée certificative et normative avec une démarche formative et personnalisée? Le processus de recherche collégiale mis en place par l’équipe de superviseurs au sein de...

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