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11 lA ConstrUCtIon des lIens soCIAUX en mIlIeU ForestIer Le cas de ferland-et-boilleau au bas-saguenay Pierre-André Tremblay1 CechapitreportesurFerland-et-Boilleau,petitemunicipalitéduBas-Saguenay, et surtout sur trois initiatives interreliées qui y prennent place et qui concentrent une bonne part des efforts de développement de la collectivité locale. La première est la Coopérative forestière, une entreprise ayant une longue histoire (près de 50 ans) et qui est le principal employeur de la localité. Elle jouit d’un très fort ancrage dans la localité, mais elle subit durement les contrecoups des difficultés que connaît l’industrie forestière, qui remontent loin dans le temps, et qui se sont accentuées récemment. La deuxième est le Domaine du Lac Ha!Ha!, un centre récréotouristique sur lequel reposent beaucoup d’espoirs de développement de l’emploi local et de diversification des activités économiques, qui sont les deux principaux enjeux de l’économie locale. La troisième initiative est celle du Groupe d’action communautaire, un organisme communautaire s’occupant des aspects «sociaux» de la vie locale (intégration des arrivants, santé publique, 1. Ce chapitre a été rédigé avec la collaboration de Caroline Dufresne. 240 Initiatives locales et lutte contre la pauvreté et l’exclusion aide aux personnes dans le besoin,etc.).Majoritairement composé de femmes, à la différence des deux autres projets, il comporte une intéressante «division du travail» entre la vie économique de la communauté (le maintien et le développement des emplois et des entreprises, l’esprit d’entreprise) et la vie sociale, c’est-à-dire ce qui touche à la santé, à la famille et aux problèmes sociaux. Le cas de Ferland-et-Boilleau démontre la porosité de la démarcation entre «entreprises» et «projets», même lorsque ceux-ci ne sont pas volontairement pensés dans une optique de complémentarité. Il montre aussi que lorsque les promoteurs (les «leaders») sont en interrelation étroite, les liens informels peuvent se montrer plus importants que les structures formelles. Dans un contexte difficile comme celui que connaissent les communautés dépendantes de la forêt, le cas de Ferland-et-Boileau illustre les possibilités, mais aussi les limites que rencontrent les initiatives basées sur l’économie sociale visant l’enrichissement durable des communautés. La présentation de ce cas sera faite en deux temps. D’abord, nous présenterons le contexte institutionnel et organisationnel. Ensuite, nous présenterons l’analyse, en reprenant les quatre hypothèses qui ont guidé la recherche. Elle s’arrête, en particulier, aux liens entre organisations, au leadership, à la « division sexuelle du travail » et à la mise en réseau, c’est-à-dire le rapport avec les ressources d’origine externe. 1. Contexte: des acteurs enchevêtrés Les principaux acteurs institutionnels et organisationnels à Ferland-etBoilleau en termes de projets et de retombées économiques et sociales sur la communauté sont la Coopérative forestière, le Domaine du lac Ha! Ha! et le Groupe d’action communautaire. 1.1. La Coopérative forestière Entre les années 1940 et 1962, la Compagnie Price ltée, propriétaire des concessions forestières du secteur de Ferland-et-Boilleau,octroyait à chaque cultivateur une quantité de bois à couper.En 1962,l’épuisement des secteurs de coupe marque la fin de ce gagne-pain pour les cultivateurs. En mai 1963, afin de sauvegarder ces emplois, 30 personnes menées par 5 leaders locaux fondent le Chantier coopératif de l’Union des cultivateurs catholiques (UCC) de Ferland-Boilleau2.Pour sa mise sur pied,ce Chantier ne bénéficiera d’aucun 2. Cette information provient des entrevues. Dans le cahier du 40e anniversaire de la Coopérative, on mentionne sept fondateurs: Magella Lavoie, Paul-Émile Gagnon, André-Jean Gilbert, Béniti Lavoie, Edmond-Louis Lavoie, Alphonse Samuelson et Michel Simard de Ferland. [13.59.136.170] Project MUSE (2024-04-26 02:26 GMT) La construction des liens sociaux en milieu forestier • Le cas de Ferland-et-Boilleau au Bas-Saguenay 241 appui de la part des instances municipales, puisque Ferland-et-Boilleau est alors un territoire non municipalisé divisé en deux paroisses. Sans appui financier ou politique de la part du gouvernement, c’est une solide volonté locale de prise en main des habitants qui a insufflé la motivation et l’énergie nécessaires pour mener à bien ce projet. À ce chapitre, la participation de...

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