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INTERACTIONS ENSEIGNANT- ÉLÈVES ET PERCEPTIONS DES TRANSGRESSIONS EN CLASSE D’ÉDUCATION PHYSIQUE Dans les collèges difficiles en France Nathalie GAL-PETITFAUX, maître de conférences Laboratoire PAEDI Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, France Olivier VORS, Professeur agrégé d’EPS, doctorant Laboratoire PAEDI Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, France Marc CIZERON, maître de conférences Laboratoire PAEDI Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, France Pour information: nathalie.gal-petitfaux@univ-bpclermont.fr MOTS-CLÉS transgression, activité, signification, éducation physique, Réseaux Ambition Réussite 1. INTRODUCTION Dès 1981, en France, une politique d’éducation prioritaire s’attache à la réussite scolaire pour tous les élèves face aux inégalités sociales. Puis, un glissement des problèmes scolaires vers des problèmes sociaux conduit à concentrer les efforts depuis 2006 sur 254 collèges les plus «en difficulté», classés «Réseaux Ambition Réussite» (RAR). Au problème des difficultés scolaires s’ajoute celui des incivilit és récurrentes dans les classes et de l’autorité pédagogique des enseignants. Les orientations sont désormais d’aider les élèves en difficulté, de contrôler les problèmes de comportement et de prévenir la violence. Une littérature importante sur l’enseignement en milieu difficile catégorise les comportements saillants des élèves en classe (Amigues et Kherroubi, 2003): refus de travailler; décrochage scolaire; chahut; agitation ou indolence. Faire travailler les élèves devient alors une vraie difficulté pour l’enseignant (Carraud, 2006). Toutefois, les enseignants expérimentés parviennent à faire travailler la classe dans la leçon de façon relativement durable. Cette étude cherche à comprendre comment ces enseignants construisent leurs interactions avec les élèves en classe pour réussir à prévenir les transgressions et étayer une relation éducative viable et propice au travail. En complément des recherches centrées sur les comportements déviants et les représentations que s’en font les acteurs, elle propose une analyse croisée de l’expérience vécue par les élèves en classe et de celle de l’enseignant. 2. CONTEXTE THÉORIQUE Cette étude s’inscrit dans les approches «écologiques» (Doyle, 1986) et «situées» (Suchman, 1987) de l’enseignement. La classe est un système d’interactions, dynamique et complexe, et l’activité de l’enseignant consiste à instruire les élèves et, simultanément, gérer l’ordre et les relations sociales en classe. Comprendre les interactions enseignant-élèves nécessite d’analyser leurs actions individuelles et leur articulation. La théorie de «l’action ou cognition située» et ses fondements en anthropologie cognitive (Gal-Petitfaux, Sève, Cizeron et Adé, 2010) offrent un cadre pour cette analyse. L’activité est envisagée comme a) un accomplissement pratique indissociable du contexte d’où elle émerge; b) elle s’accompagne de significations pour l’acteur qui émergent en contexte (préoccupations, [18.223.106.114] Project MUSE (2024-04-26 14:25 GMT) 22 émotions, interprétations); c) bien qu’individuelle, elle est sociale au sens où autrui appartient à la conscience de l’acteur lors de son action. Analyser la façon dont l’acteur prend en compte autrui pour agir permet d’approcher l’interaction en tant que coordination d’activités individuelles de plusieurs acteurs (Saury, 2008; Theureau, 2006). 3. MÉTHODOLOGIE Trois professeurs d’éducation physique (EP) expérimentés de collèges RAR ont été observés, chacun avec deux classes dans deux leçons de gymnastique. L’accord des participants a été obtenu sur la base d’un cadre contractuel précisant la définition des modalités de travail entre chercheurs et praticiens, et les conditions éthiques de diffusion des matériaux et des résultats. Les données provenaient: a) d’observations et d’enregistrements audiovisuels de l’activité en classe des acteurs; b) d’entretiens d’autoconfrontation postle çon avec l’enseignant et quatre de ses élèves. L’analyse des données a cherché à rendre compte des activités individuelles-sociales, c’est-à-dire les comportements typiques de l’enseignant et des élèves en classe, et les significations qu’ils attribuaient à leur action et à celle d’autrui. Pour cela, nous avons: décrit les comportements en classe à l’aide de l’outil ALT-PE (Parker, 1989; Gal-Petitfaux et Cizeron, 2005); analysé les entretiens à l’aide des catégories de l’expérience subjective (Theureau, 2004); mis en correspondance les comportements et les significations subjectives...

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