Mieux former pour agir dans une société en mouvement: Actes de colloque en format numérique

Problématique du corps dans la relation pédagogique en EPS

PROBLÉMATIQUE DU CORPS DANS LA RELATION PÉDAGOGIQUE EN EPS Abdenacer BENTOUMI, professeur Université Alger 3, Institut d’Éducation Physique et Sportive Pour information: bentouminacer2002@yahoo.fr MOTS CLÉS éducation physique, corps, adolescence, pédagogie, crise 1. INTRODUCTION Dans la relation pédagogique, chacun des deux partenaires est double. L’enseignant est une personne sensible qui peut vous aider ou vous détester, un objet de relations personnelles et affectives. Il est aussi un personnage, le représentant d’une société et de ses valeurs, porteur d’exigences, distributeur de récompenses et de punitions, parfois rigides et implacables, inaccessibles aux sentiments, à la séduction, et constamment disposé à inviter l’élève à se dépasser, à s’élever. L’enseignant oscille entre deux pôles dans la recherche de la communication : l’individu et le groupe; les sentiments paternels et la pure relation intellectuelle . C’est pourquoi il est toujours à la recherche d’un juste milieu où s’établit le dialogue. «Dans ce jeu d’appels et de réponses, remarque Bley (1969), le souci constant de l’éducateur étant d’entendre et d’être entendu, va se poser constamment le problème d’écart de niveau tolérable par l’élève et le maître, de seuil à ne pas dépasser.» Le corps constitue la toile de fond de l’acte d’enseignement, la densité de sa présence y gagne et s’impose à la conscience de l’élève. En réalité, l’élève éprouve des difficultés à accepter de mettre en valeur son corps en EPS. La famille et la société, à travers les modèles intériorisés, le préparent mal à devenir créatif en EPS. L’idéal du moi dans cette situation conduit l’adolescent à la recherche d’un modèle du corps fantasmé, énergique, plein de plaisir et de séduction. Mais, dans la réalité, il perçoit l’enseignant comme un élément inhibiteur de ce fantasme, d’où une déception, dès lors que cet idéal apparaît comme ne pouvant jamais être atteint. L’enseignant, qui se montre à l’élève comme le garant du contrôle de sa motricité, comme celui qui prévient tout débordement, représente à ses yeux l’instance qui traduit les valeurs de la société. En face de cette instance, il y a les pulsions et le système de plaisir des adolescents qui cherchent une satisfaction et une jouissance de leur corps en EPS. Dans cette situation de conflits, d’opposition, comment et par quels moyens la crise et la rupture se trouvent-elles dépassées? 399 2. CONTEXTE THÉORIQUE 2.1. Définition des conceptsƒƒ Éducation physique et sportive: «L’ensemble des préoccupations familiales et scolaires chargées d’inscrire des normes dans le corps» (Vigarello, 1975).ƒƒ Image du corps: «L’image du corps humain, c’est l’image de notre propre corps que nous formons dans notre esprit, autrement dit, la façon dont notre propre corps nous apparaît à nous-mêmes» (Shilder, 1980).ƒƒ La relation éducative: «La relation éducative est l’ensemble des rapports sociaux qui s’établissent entre l’éducateur et ceux qu’il éduque, pour aller vers des objectifs éducatifs, dans une structure institutionnelle donnée, rapports qui possèdent des caractéristiques cognitives et affectives identifiables, qui ont un déroulement et vivent une histoire» (Postic, 1986).ƒƒ Adolescence: «L’adolescent, selon Kestemberg (1962), n’est plus un enfant et n’est pas encore un adulte. Ce double mouvement, reniement de son enfance d’un côté, recherche d’un statut stable adulte de l’autre, constitue l’essence même de la crise du processus psychique que tout adolescent traverse.» 2.2. Le corps dans la relation enseignant-élèves La recherche réalisée par Josse (1973) sur l’image de l’enseignant d’EPS chez les élèves du secondaire a permis de dégager quelques-unes des caractéristiques dominantes de la relation enseignant-élèves:ƒƒ l’enseignant d’EPS existe fortement en tant que personne physique;ƒƒ la sociabilité du cours d’EPS va dans le sens d’un rapprochement de l’élève et du maître, la densité de la présence du corps s’impose à la conscience de l’élève;ƒƒ l’EPS est moins soumise aux programmes, l’enseignant jouit d’un plus grand espace...