In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

C h apitr e 11 L’intervention collective à l’ère informationnelle Yvan Comeau Ce texte s’intéresse aux changements récents que connaît l’intervention collective au Québec. Puisque ces changements touchent plusieurs dimensions de l’intervention collective contemporaine, des choix s’imposent pour contenir le propos dans l’espace alloué à un chapitre dans un ouvrage collectif. Dans ce cadre, les changements qui semblent les plus remarquables et les plus névralgiques pour l’intervention sont: l’orientation des politiques sociales, l’action sur les risques, la professionnalisation, les formes de l’engagement citoyen, les liens entre le local et l’international, la production écrite sur l’intervention collective, son vocabulaire et la synthèse théorique récente sur l’action collective. Les précisions suivantes permettent de justifier les choix et d’établir la logique de l’argumentation. D’emblée, il convient de clarifier ce que représente ici l’intervention collective. Elle renvoie à des pratiques professionnelles variées par lesquelles une personne salariée rattachée à une association (ONG de développement, organisation de défense des droits, organisme de revitalisation territoriale durable, etc.) ou à un établissement public (Centre de santé et de services sociaux, Direction de santé publique, etc.) s’allie à un groupe, afin de contribuer au succès de l’action collective que celui-ci met en œuvre, en vue de résoudre un problème social touchant une communauté. Qui plus est, ce type d’intervenants vise le plus souvent à ce que le groupe et la communauté acquièrent du pouvoir et de la résilience, et puissent renouveler l’organisation sociale selon des valeurs de démocratie, d’équité et 244 Le travail social de solidarité. Peu importe leur formation académique, la capacité des intervenants en conseil et en appui à des groupes vient de leurs connaissances et habiletés dans les rouages de l’information, de l’éducation, des communications, de la mobilisation et de la négociation (Netting, Kettner et McMurtry, 2008, p. 80). L’auteur aborde les changements qui touchent l’intervention collective selon deux perspectives: la configuration sociétale qui prend résolument place au début de ce millénaire et le mouvement des idées dans les sciences sociales et en sociologie tout particulièrement. En ce qui concerne le nouveau contexte sociétal, tout indique qu’une société de type «informationnel capitaliste mondialisé» (Castells, 2000a), ou encore «moderne avancée» (Giddens, 1993) s’est mise en place au tournant des années 2000. Peu importe la désignation privilégiée, cette mise en perspective sociétale sert de fil conducteur pour expliquer les changements suivants: 1) les politiques sociales prennent une direction ambiguë; 2) l’intervention collective s’attarde de plus en plus aux risques sociaux; 3) la professionnali­ sation de l’intervention se diffuse dans les associations; 4) l’engagement citoyen que veut développer l’intervention prend des formes inédites; 5) l’intervention se préoccupe des liens entre le local et l’international. Le texte cherche à démontrer comment chacune de ces tendances s’inscrit dans la configuration sociétale récente. Celle-ci résulte des récessions économiques qui se succèdent depuis le début des années 1970 et qui démontrent en quelque sorte l’«enlisement» des pays occidentaux dans lequel les avait placés l’épuisement du mode de production industrielle de masse (Lipietz, 1998). Cette période correspond également à l’expansion des domaines d’application des technologies de l’information et de la popularisation de son usage dans les années 1980, et du tissage planétaire de la toile qui s’en est suivie. La dissémination de ces technologies représente le support de la restructuration du capitalisme sur le plan mondial, mais elle n’en est pas la cause, qui réside plutôt dans la mise en place d’infrastructures visant la poursuite de l’accumulation privée du capital. C’est du moins l’opinion de Manuel Castells (2000a) pour qui les technologies de l’information favorisent la société informationnelle de type capitaliste qui prend forme sur tous les continents. Il s’agit d’une société qui organise la production selon les principes de la maximisation de la productivité fondée sur les connaissances, l’utilisation et le développement des technologies de l’information, et la mise en place d’infra­ structures pour l’utilisation de ces technologies. Cette dynamique remet...

Share