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C h a p i t r e 1 Les doctrines dans la politique étrangère américaine Une doctrine est quelque chose qui vous oriente vers une certaine manière de faire et qui circonscrit votre action dans des dizaines de situations que vous ne pouvez pas prévoir.1 George F. Kennan, 26 septembre 2002 1. Toutes les citations de cet ouvrage ont été traduites par l’auteur. 2 – La doctrine Obama Les spécialistes des relations internationales ont depuis plus d’un siècle recours à différentes théories pour expliquer les relations internationales. Quand plusieurs penseurs présentent des analyses se basant sur des théories similaires, ils forment alors une école. Ainsi, un penseur se voit qualifier comme membre de l’école réaliste ou de l’école idéaliste2, alors qu’un autre se voit apposer l’étiquette néoréaliste, réaliste chrétien, néoconservateur ou idéaliste wilsonien, par exemple. De la même façon, des étiquettes sont appliquées aux praticiens de la politique, c’est-à-dire les chefs d’États ou de gouvernements. Mais ce ne sont pas tous les spécialistes qui adhèrent à la théorie des écoles idéalistes ou réalistes pour expliquer les tendances dans la politique étrangère américaine. Par exemple, Walter Russell Mead a développé récemment une tout autre théorie qui repose sur l’existence de quatre grandes écoles. Une première école, principalement représent ée par George H.W. Bush, Henry Cabot Lodge et Bill Clinton, est dite hamiltonienne. Elle se démarque par l’importance qu’elle accorde tant à la politique intérieure qu’extérieure quant au développement économique des États-Unis. Une deuxième école, principalement représent ée par le Parti libertarien et Ron Paul, met l’accent sur la protection de la démocratie américaine dans la politique intérieure. Une troisième école, principalement représentée par Ronald Reagan et George W. Bush, est dite jacksonienne à cause de son engagement à préserver, par la force si nécessaire, les intérêts des Américains dans le monde. Finalement , la quatrième école, principalement représentée par Woodrow Wilson, F.D. Roosevelt et Jimmy Carter, est dite wilsonienne et cherche à promulguer les valeurs américaines à travers le monde en développant des institutions internationales appropriées3. Pour ma part, je préfère m’en tenir au cadre d’analyse fourni par la théorie des écoles idéalistes et réalistes. Si les théories et les écoles reflètent les tendances culturelles et historiques ainsi que les valeurs d’une société donnée, elles expriment aussi la vision et les aspirations des dirigeants de cette société en plus 2. Selon Reinhold Niebuhr, les termes «idéalisme» et «réalisme» comportent des significations diamétralement opposées en théorie politique. Alors que le réalisme politique tient compte de tous les facteurs de pouvoir et d’intérêts nationaux ou personnels par rapport aux normes établies, l’idéalisme se démarque par une disposition à être indifférent ou à ignorer les forces qui offrent une résistance pour se conformer aux normes et aux idéaux, qu’ils soient individuels ou collectifs. Cela implique que les idéalistes, à la différence des réalistes, sont sujets à des illusions sur les réalités sociales. Reinhold Niebuhr, «Augustine’s Political Realism», Christian Realism and Political Problems, New York, Scribner, 1952, p. 243-257. 3. Walter Russell Mead, Special Providence: American Foreign Policy and How It Changed the World, New York, Routledge, 2002. [3.134.102.182] Project MUSE (2024-04-26 04:43 GMT) Les doctrines dans la politique étrangère américaine – 3 des stratégies que ces derniers privilégient pour atteindre leurs objectifs. Ainsi, il n’est pas surprenant que des théories concurrentes diffèrent d’une administration à une autre, voire au sein d’une même administration4. Plusieurs facteurs interviennent pour définir la politique étrangère d’un pays. Ces facteurs peuvent varier grandement d’un pays à l’autre selon la culture politique du pays donné, sa position géographique, ses capacités militaires, les menaces auxquelles il est assujetti, sa situation économique, l’attitude de ses dirigeants par rapport à l’opinion publique, et la vision que ses dirigeants ont des intérêts nationaux, par exemple. C’est en prenant en considération ces...

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