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C H A P I T R E 12 LES RESSOURCES ALTERNATIVES DE TRAITEMENT ET LEUR DEHORS Dans cette étude, notre attention s’est portée principalement sur la spécificit é de l’espace offert par les ressources alternatives de traitement en santé mentale, sur les dimensions clés du traitement qu’on y offre et sur les changements personnels et relationnels que le passage par la ressource permet pour les personnes qui les fréquentent. Nous nous sommes beaucoup moins penchées sur les rapports que les ressources alternatives de traitement entretiennent avec l’extérieur. Par ailleurs, nos entrevues avec les différents acteurs que nous avons rencontrés mettent aussi en évidence quelques enjeux qu’ils partagent largement concernant leurs rapports avec l’extérieur, en particulier avec les services psychiatriques et avec l’environnement social plus large. Comme ces questions demeuraient largement marginales par rapport à nos questionnements de départ, les informations que nous avons recueillies sur ces sujets demeurent relativement succinctes et se résument à quelques grands traits qui esquissent la position qu’adoptent les ressources alternatives de traitement face à leur dehors. 1. LES rAPPorTS AU cHAMP PSYcHIATrIQUE: à LA rEcHErcHE D’UN DIALoGUE Historiquement, les ressources alternatives ont adopté une position critique face aux approches dominantes dans le champ psychiatrique et dans celui de la santé mentale au Québec. Elles leur reprochent fondamentalement de reposer sur une vision réductrice et morcelée de la personne, avec le risque que cela comporte de transformer celle-ci en «objet» de soins. Leur 168 LE MOUVEMENT DE L’ÊTRE critique vise avant tout la psychiatrie d’orientation biomédicale, mais les intervenants de ces ressources sont aussi bien au courant qu’un questionnement sur les pratiques est aussi effectué chez ceux qui œuvrent dans le cadre des services de santé mentale. Dans les entrevues, ce regard critique est bien présent mais, de façon générale, il y occupe une place relativement mineure. Ce n’est pas là l’enjeu qui mobilise les intervenants dans leur pratique. Sur la base des textes d’autoprésentation rédigés par un certain nombre de ressources alternatives de traitement, l’une de nous avait proposé l’hypothèse que le recours à la notion d’alternatif se déploie selon deux axes: l’un, vertical, soucieux de mettre en place et d’approfondir des modes différents de pratique en santé mentale; l’autre, horizontal, animé par le besoin de combler des manques perçus ou des lacunes dans le système des services existants. On peut dire que, selon cette distinction, les ressources alternatives de traitement qui ont participé à la recherche ont toutes marqué le désir de se situer fondamentalement sur l’axe vertical de l’alternatif (Corin, 2000). En même temps, sur le terrain de l’intervention, les ressources alternatives de traitement ont toutes, d’une façon ou d’une autre et à des degrés divers, à composer avec les services psychiatriques; bien souvent en effet, ces derniers continuent à suivre parallèlement les usagers. Au cours de leur histoire, les différentes ressources alternatives de traitement se sont trouvées placées dans des situations contrastées quant à leurs rapports avec les services psychiatriques. On observe ici des différences à la fois entre les ressources et au sein d’une même ressource au fil du temps. Par ailleurs, et quelles que soient les différences de situations, les responsables et les intervenants ont pour la plupart exprimé le désir d’établir des rapports minimaux et «suffisamment bons» avec les services psychiatriques. En effet, outre le fait que ceux-ci continuent d’accompagner plusieurs des usagers, ces derniers peuvent aussi les investir symboliquement et affectivement. Les récits des usagers évoquent pour leur part une diversité de situations . Certains font état d’expériences douloureuses, traumatisantes dans quelques cas. On parle d’une absence de disponibilité, d’une incompréhension , parfois de pratiques d’enfermement. Dans certains cas, on a l’impression que, du point de vue de la personne, l’expérience psychiatrique a contribué à accentuer la souffrance plutôt qu’elle ne l’a soulagée. Par contre, d’autres usagers décrivent des relations très significatives avec des intervenants en psychiatrie ou d’autres intervenants de milieux institutionnels, qui constituent des repères importants dans leur trajectoire. [3.145.60.149] Project MUSE (2024-04-26 07:59 GMT) LES RESSOURCES ALTERNATIVES DE TRAITEMENT ET LEUR DEHORS 169...

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