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C H A P I T R E 11 TRAVAILLER DANS UNE RESSOURCE ALTERNATIVE DE TRAITEMENT EN SANTÉ MENTALE Le point de vue d’intervenants sur une pratique de proximité«On ne peut pas sortir indemne d’ici comme thérapeute.» La nécessité d’écrire un chapitre explorant plus directement le point de vue des intervenants de ressources alternatives de traitement quant aux principales dimensions mobilisées dans leur pratique s’est imposée à nous, d’abord en raison de la richesse des entrevues sur ces questions1, mais aussi parce que les intervenants eux-mêmes ont exprimé le désir que nous fassions écho plus directement à leur expérience2. 1. Ce chapitre a été élaboré à partir de près d’une trentaine de récits d’intervenants de ressources alternatives de traitement. Parmi ceux-ci, on compte aussi des responsables de ressources alternatives de traitement qui soit occupent aussi un rôle de thérapeute dans la ressource qu’ils dirigent, soit l’ont fait par le passé. Ainsi, plus de la moitié des responsables des ressources ayant participé à la recherche ont fait état d’une expérience de pratique de thérapeute dans la ressource. Mentionnons que les intervenants qui ont participé à la recherche comptent huit hommes et neuf femmes; parmi les responsables, on retrouve sept femmes et deux hommes. 2. Ce désir s’est en particulier exprimé lors de rencontres élargies qui s’adressaient à l’ensemble des ressources membres du Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec, au cours desquelles les premiers résultats de la recherche ont été présentés et soumis à la discussion. 156 LE MOUVEMENT DE L’ÊTRE Leurs témoignages offrent un regard privilégié sur l’expérience d’un travail en contact étroit avec de grandes souffrances psychiques et relationnelles , la confrontation à la souffrance se trouvant au cœur du travail à l’œuvre dans ces ressources. Celles et ceux qui œuvrent dans d’autres milieux de la santé mentale y trouveront probablement des résonances importantes avec leur propre expérience et avec les questions qu’ils se posent, mais on peut penser que le fait de travailler dans un milieu alternatif ajoute une coloration particulière. De manière générale, on peut dire que dans les ressources alternatives de traitement, les positions d’intervenant et de thérapeute se distinguent assez peu l’une de l’autre. Dans la mesure où, dans le contexte de ces ressources, le travail thérapeutique se résume rarement aux dispositifs cliniques, étant plutôt lié à l’ensemble de la vie dans la ressource, les rôles d’intervenant et de thérapeute se chevauchent et nous ne les distinguons pas ici. Nous avons donc utilisé le terme d’intervenant pour désigner les uns et les autres3. Les récits font ressortir que les intervenants ne se placent pas dans une position d’experts en santé mentale, au sens où ils détiendraient un savoir clair et sûr, ni dans celle d’un professionnel équipé d’un certain nombre de techniques. Leur témoignage sous-entend la primauté d’une disponibilité et d’une réceptivité particulières par rapport à la vie psychique et relationnelle, «une attitude intérieure d’abord4 »; ces qualités sont jumelées à une capacité de proximité avec la souffrance, une certaine« façon d’être avec les gens souffrants». C’est probablement ce qui explique que les intervenants ne mettent pas d’abord de l’avant leur formation professionnelle lorsqu’on les interroge sur leurs expériences passées et sur ce qui les a préparés à travailler dans une ressource alternative de traitement en santé mentale. 3. Les intervenants que nous avons rencontrés font état de parcours de formation longs et diversifiés. à une exception près, les intervenants ayant participé à la recherche ont tous terminé des études universitaires, en psychologie le plus souvent (pour une dizaine d’entre eux), en psychoéducation (trois personnes), mais aussi en travail social (deux personnes), en art-thérapie (une personne) ainsi que dans d’autres disciplines (sociologie, pédagogie). Parfois, ils ont terminé plusieurs certificats (santé mentale, animation de groupe, arts plastiques). La plupart ont aussi suivi des formations privées en psychothérapie , en psychanalyse, en relation d’aide, en thérapies alternatives. Les récits montrent aussi que la grande majorité d’entre eux sont engagés dans un processus continu de formation ou de supervision...

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