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POuR NE PAS CONCLuRE Devant la prise de conscience, par les chercheurs comme par les praticiens , de l’importance d’analyser et de comprendre les pratiques éducatives , notamment au regard de la visée de professionnalisation des métiers adressés à autrui, cet ouvrage a tenté d’apporter, à la suite des résultats de quelques recherches actuelles en éducation, des éléments de réponse aux questions sur la place des savoirs dans les pratiques effectives des enseignants et des futurs enseignants du primaire . Les résultats obtenus lors de ces travaux et, surtout, leur interprétation seront à prendre avec prudence, car de nombreuses zones d’ombre se dégagent de ces travaux de recherche et de leurs résultats . Ces zones d’ombre font ressortir la nécessité de s’appuyer sur une clarification des postures épistémologiques fondant ces travaux et sur une explicitation de leurs cadres conceptuels, dans le but d’approcher au plus près la réalité des pratiques éducatives, compte tenu des questions et des enjeux autour de l’analyse de l’activité . Dans un premier temps, il convient avant toute chose de définir et de situer les pratiques d’enseignement: entre savoirs d’enseignement, savoirs d’action, savoirs d’expérience et savoirs professionnels . L’étude des différentes ressources mobilisées par un professionnel de l’intervention éducative requiert de les appréhender comme entité complexe, mais aussi de les comprendre dans leurs modalités d’organisation et d’agencement visant l’exercice de l’activité professionnelle . Pour nous, une prise en compte et une analyse de ces ressources que l’on postule d’appeler des savoirs, requièrent de convoquer trois perspectives: celle du sens (permettant à celui qui construit ou maîtrise le savoir de se poser et de se situer en sujet agissant), celle de l’objet (permettant de situer et de comprendre sur quoi porte le savoir) et celle du rapport au monde (signe d’interprétation du monde, instrument indispensable pour comprendre le sens de la convocation du savoir et pour identifier puis mettre en œuvre les conditions gagnantes de l’apprentissage professionnel ) . Cette mobilisation de trois regards permet, selon nous, de situer le savoir à la croisée complexe de nombreux éléments conduisant à penser autrement l’approche par compétence, approche omniprésente 250 Enjeux de la place des savoirs dans les pratiques éducatives dans les actuels curriculums de formation à l’enseignement . Si l’usage du terme «compétence» semble l’emporter parfois sur celui de «savoir», tout au moins dans les discours institutionnels, marqués par différentes idéologies de la compétence, c’est parce que la compétence se propose d’être opératoire, c’est-à-dire de servir l’ingénierie de formation, voire l’ingénierie didactique et pédagogique . Or, en examinant de près l’usage du terme « compétence », y compris dans les travaux en didactique professionnelle, s’il semble central d’approcher la pratique éducative comme une entité complexe, il est nécessaire aussi d’en comprendre les éléments constitutifs, en particulier le sens, la nature et la fonction des ressources mobilisées pour penser et agir . En découvrant les différents textes constitutifs de cet ouvrage, le lecteur prendra la mesure des questions mais aussi des enjeux soulevés par les travaux visant à analyser l’activité professionnelle dans les métiers adressés à autrui . L’un de ces enjeux est la lecture, la compréhension et donc l’interprétation que font les professionnels de l’intervention éducative des référents et des cadres institutionnels dans lesquels et à partir desquels leur action est définie et prescrite . En identifiant la place des savoirs dans les pratiques éducatives, nous cherchons à mieux comprendre les conceptions des enseignants sur leurs pratiques et plus généralement sur leurs fonctions et sur leurs rôles . Si l’on poursuit cette réflexion en rappelant que l’action de l’enseignant en contexte scolaire, selon l’actuelle législation éducative au Québec, doit viser trois finalités : instruire, socialiser, qualifier, il ressort de la lecture de ces différents travaux que la finalité de socialisation semble l’emporter sur celle d’instruction, soulevant par là même des questionnements dont l’enjeu principal est la capacité de l’école à instruire, c’est-à-dire à identifier les savoirs à transmettre et les pratiques éducatives les plus efficaces pour atteindre cette triple ambition: socialiser, certes, mais aussi instruire et qualifier...

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