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CHAPITRE 4 LES ASpEcTS coLLEcTIfS Du TRAVAIL EnSEIgnAnT un levier pour la formation? MiChel grangeat maître de conférences – Habilité à diriger des recherches et qualifié, université joseph-fourier (IufM), grenoble (france), Laboratoire des sciences de l’éducation (E.A. 602), ujf et upMf, grenoble Afin de mieux comprendre les problèmes posés par l’adéquation entre la formation à l’enseignement et les savoirs mobilisés dans l’acte enseignant , il semble intéressant de se pencher sur les recherches visant à étudier les processus d’apprentissage professionnel tels qu’ils sont étudi és dans d’autres domaines que celui de l’enseignement . En effet, comme dans bien des secteurs, du fait de sa professionnalisation croissante , l’enseignement s’éloigne peu à peu du monde de l’artisanat ou de la vocation . En conséquence, les recherches conduites dans d’autres métiers deviennent pertinentes pour comprendre les phénomènes qui sous-tendent le développement professionnel des acteurs de l’enseignement (Grangeat, 2006; Grangeat et Munoz, 2006) . De plus, comme ces métiers supportent souvent moins de représentations sociales que l’enseignement , les démarches et les résultats des études qui les ont prises pour objet peuvent aider les chercheurs en éducation à prendre un peu de recul par rapport aux débats qui animent leur propre champ de recherche . Le but de ce texte consiste donc à contribuer à rapprocher ces deux champs d’études . Mon cadre de référence habituel est celui de la psychologie ergonomique (Rogalski et Marquié, 2004) et de la didactique professionnelle (Samurçay et Pastré, 2004), mais dans ma contribution à cet ouvrage qui cherche à comparer différentes approches européennes avec les perspectives nord-américaines, je me référerai au modèle intitulé Work Process Knowledge ou WPK (Boreham, Samurçay et Fisher, 2002a) qui est très proche du précédent, tout en présentant 110 Débats sur la professionnalisation des enseignants l’avantage d’être issu de plusieurs projets européens et d’étudier des interactions rarement explorées, celles qui ont lieu dans les collectifs de travail . La présente contribution rejoint ainsi l’enjeu de ce symposium qui consiste à rendre compte des recherches analysant les interactions entre les enseignants en formation et les différentes ressources contributives de leur apprentissage professionnel . Parmi ces ressources, Grangeat et Gray (2007) ont montré que les pairs, les collègues et les autres acteurs scolaires jouent un rôle central puisque de ces interactions découlent des savoirs professionnels qui constituent, en partie, le cœur de la pratique enseignante . C’est donc sous l’angle des aspects collectifs du travail enseignant que sera étudiée la formation enseignante . Je chercherai à comprendre de quelle manière les savoirs professionnels , ceux qui sous-tendent l’activité quotidienne des enseignants, sont construits lors des interactions entre acteurs durant la formation et plus particulièrement, lors des stages . En effet, les phénomènes liés à l’alternance jouent un rôle central dans l’apprentissage professionnel puisque, lorsqu’ils sont immergés dans un établissement, les stagiaires, par le biais d’échanges avec les «vrais» professionnels qu’ils rencontrent alors, construisent leurs tout premiers savoirs de la pratique . Ce qui conduit, d’une part, à questionner l’articulation entre les différents espaces-temps de formation constitutifs du parcours et du processus de formation (Beauvais et al., 2007) et d’autre part, à comprendre les modalités des interactions entre les différents intervenants (enseignants , formateurs, maîtres associés, superviseurs de stage) soutenant la mise en œuvre du processus d’apprentissage professionnel . Grangeat et Gray (2008) ont montré que ces interactions entre débutants, formateurs et enseignants expérimentés peuvent se comprendre comme étant un travail collectif . La présente contribution poursuit cette dernière perspective sous la forme de quatre sections . La première interroge la pertinence du concept de travail collectif dans les études sur l’enseignement . La deuxième vise à définir le concept de travail collectif par l’étude de ses fonctions et de ses formes . La troisième présente la façon dont le modèle WPK intègre le rôle du collectif dans l’élaboration des savoirs professionnels . Enfin, la quatrième modélise le travail collectif enseignant afin de dégager des objets et des questions de recherche, et reprend la question de l’articulation entre les différents espaces-temps de formation . [18.188.66.13] Project MUSE (2024-04...

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