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10. le miméTisme FOresTier en OnTariO eT aU QUébec à l’éPreUve de la gOUvernance gUy chiassOn, édiTh leclerc et caTalina gOnzalez hilariOn Le secteur forestier a longtemps occupé une place stratégique dans le développement économique de l’Ontario et du Québec, tout comme dans celui de la plupart des provinces canadiennes (Drushka, 2003; Howlett, 2001; Thorpe et Sandberg, 2007) . Malgré l’importance historique du secteur forestier au Canada, relativement peu d’études ont été consacrées aux politiques forestières de ces deux provinces . Qui plus est, il nous semble que la question des relations interprovinciales dans le champ forestier, en particulier entre l’Ontario et le Québec, n’a pas encore été traitée par la littérature scientifique ; ce chapitre propose d’y apporter quelques éléments de réponse . En effet, les transformations récentes des formes de l’État ont eu une influence considérable sur les modes de gouvernance des forêts au Canada (Chiasson, Blais et Boucher, 2006), ce qui soulève la question du prolongement de ces transformations aux relations interprovinciales . Il est utile de rappeler que la gestion forestière au Canada est plutôt décentralisée, c’est-à-dire que le pouvoir forestier est très largement détenu par les provinces, et ce, depuis l’enchâssement de cette compétence provinciale dans la Constitution canadienne . Historiquement, le rôle qu’a joué le gouvernement fédéral a été relativement restreint puisqu’il se limite principalement au soutien à la recherche ainsi qu’au commerce international (Arbres Canada, 232 les relations Québec-Ontario – Un destin partagé? 2010; Howlett et Rayner, 2005) . Ce sont les provinces qui jouissent de la propriété de la très grande majorité des terres forestières publiques, et ont ainsi la responsabilité cruciale de définir les règles d’attribution des volumes de bois . Dans le cas de l’Ontario et du Québec, plus de 80% des forêts sont sous le contrôle direct des provinces alors que la portion de forêts sous propriété fédérale ne dépasse pas 1% dans les deux provinces (Ontario, 2009; Québec, 2010) . Évidemment, l’engagement du gouvernement fédéral déborde parfois les territoires où la propriété est fédérale, mais il reste que le pouvoir provincial en matière de forêts est nettement plus imposant que celui d’Ottawa . À la suite de Michael Howlett, il est possible de constater que malgré la décentralisation importante, les provinces ont suivi des trajectoires de politiques forestières ayant une ressemblance frappante: As befits a national policy regime characterized by provincial jurisdiction and variations in regional and local forest resources, there are differences between jurisdictions in terms of both the length of time each policy regime was left in place and the specific point in time at which a new regime was instituted. Different governments in the various jurisdictions adopted similar forestry policies, usually in the same order of sequence, but not at the same times (2001: 29). C’est dire que les provinces canadiennes ont, historiquement, opté pour des modèles de gestion des forêts plutôt convergents . Il est toutefois surprenant que cette convergence se soit opérée en l’absence presque complète de mécanisme apparent ou formel . Ainsi, nous parlerons de mimétisme forestier pour désigner cette logique de convergence non planifiée ou concertée entre les provinces . Dans ce chapitre, l’interrogation centrale porte sur les relations interprovinciales actuelles entre le Québec et l’Ontario . Plusieurs chercheurs sur la gouvernance forestière considèrent que les années 1990 ont amené un lot de changements importants dans les politiques forestières au Canada (Blais et Chiasson, 2005; Hayter, 2003) . La fin du XXe siècle marquerait ainsi la crise des politiques forestières d’après-guerre et les débuts d’un changement de régime forestier (Blais et Boucher, 2008; Howlett, 2001) . Ces changements se seraient traduits surtout par un changement sur le plan des objectifs poursuivis par les politiques foresti ères . Selon Luc Bouthilier (2001), entre autres, les régimes centrés sur le timber management (un type de gestion dont l’objectif est de maximiser les approvisionnements industriels) cèdent progressivement leur place au sustainable forest management (aménagement forestier durable – AFD) . Pour d’autres (Hayter, 2000; Thorpe et Sandberg, 2007), ce changement de vocation de...

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