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P r é f a c e Arts martiaux, sports de combat et interventions psychosociales Jacques Pain1 Professeur émérite Paris Ouest/Nanterre La Défense Il reste encore un long travail à faire pour civiliser l’humanité, ou plutôt pour faire qu’elle se civilise. J’ai toujours pensé que c’est en s’approchant de la violence, au plus près, bien sûr au-delà de la peur, que s’instaure la connaissance. La familiarité – circonspecte – autorise la rencontre, puis le contrôle de ses affects, et enfin dans certains cas, la «maîtrise» relative de ses pulsions. C’est ce que déploie ce livre, une toile d’aperçus centrés sur le «combat», matrice de la relation humaine. Combat physique, psychique, combat avec soi-même, avec l’autre, combat sans adversaire, en fait le combat est un exercice de réappropriation de la conscience et d’évaluation de ses propres rapports sociaux. Il occupe le quotidien, la vie professionnelle, et les institutions. 1. Auteur, en particulier, de Intégrer la violence (avec Richard Hellbrunn) et La non-violence par la violence, une voie difficile, Matrice, 1986, 1999. Voir aussi le site . VIII Arts martiaux, sports de combat et interventions psychosociales Je crois que le nœud du propos est dans ce lien où les différences entre arts martiaux et sports de combats s’effacent dans l’intervention«sociale». C’est sans doute l’un des secrets de la démarche, de la «voie» subjective . Toute technique, toute pratique, ne prend son sens qu’à long terme, au moment où elle se donne à la fois comme un sport, un art, une intervention . Écrire, lire, dessiner, forger, courir, manger, sont au même titre que le moindre geste un palimpseste. La voie des sciences humaines passe par là: non pas avoir de la technique, la technique, mais comme le disait Kenji Tokitsu (jisei-do), traducteur du traité des cinq roues de Miyamoto Mushachi, à qui voulait bien l’entendre, «être» la technique. 1. Approfondir Il y a trois façons de faire «du sport», mais on pourrait dire de l’art aussi bien. Elles sont tout autant respectables, mais elles n’ont pas la même ouverture mentale. La première est répétitive, technicienne et elle vise des résultats. La seconde internalise les mécanismes et les retourne sur eux-mêmes, elle est déjà dans la formation, et limite ses prétentions: la transmission n’est pas un exercice. La troisième opère une recherche sur les termes mêmes de la formation , et de la réussite et des échecs des «exercices». Dès la deuxième étape, il est profitable de se réunir avec d’autres et de travailler en groupe les situations «clés» de l’apprentissage. Ces clés sont des «insight» conceptuels qui en fait démarquent nos points de structuration personnels. Nous apprendre apprenants. Or le sport «martial» est la concentration de dimensions encore mal connues de l’être humain, le corps agissant le mental et le mental sollicitant en retour les synergies du corps, en particulier le circuit angoisse/émotion, sur lequel je reviendrai. La finalisation est indispensable: le martial n’est pas une intention guerrière, mais une architecture du psychisme. C’est en ce sens qu’écrire est aussi une «guerre». À la condition de s’y plonger tout entier. Il y a dans ce livre la force de la conviction, et le désir de transmettre, d’«influencer» le développement psychosocial des personnes, des jeunes et des moins jeunes. De l’éducation, de la formation, de la remédiation? [18.118.226.105] Project MUSE (2024-04-19 12:32 GMT) Préface IX À l’heure où les codes moraux sont éclatés par la crise, il y a lieu de repartir avec force des premières dispositions humaines, et des valeurs de société, de la qualité de sociétaire, à commencer par: «Ne pas nuire». 2. Changer le monde Refaire le monde! Comme je le déclare en titre d’un prochain livre: «Mondialisation , l’éducation fera la différence». Or l’éducation ne se joue pas qu’à l’école, il est même certain qu’elle peut ne pas se jouer du tout à l’école. C’est en fait dans les institutions «complémentaires», où nous comptons les clubs, sportifs et non sportifs, les centres de formation, les maisons de la culture, de quartier, la «street culture», que...

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