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c o n c l u s i o n Jacques Hébert La richesse et les leçons de ces recherches-actions témoignent de leur potentialité dans divers contextes. Les résultats obtenus invitent à demeurer humble et prudent tout en restant déterminé à poursuivre l’évaluation de ces pratiques alternatives et silencieuses dans le champ du travail social. Beaucoup de travail reste à accomplir tant au plan de la recherche que de l’intervention dans ce domaine. Les disciplines martiales devront démontrer plus explicitement comment la violence ritualisée peut conduire à une démarche non violente? Le recours aux disciplines martiales représente des moyens de médiation puissants pour apprendre à se connaître et reconnaître autrui dans sa différence parce qu’elles interpellent à la fois les sphères physique, émotionnelle et rationnelle. En fait, l’enjeu principal demeure d’éduquer l’être à devenir plus pacifique vis-à-vis lui-même et son entourage. Comment être en paix autour de soi quand on n’a pas fait la paix avec soi-même? L’appren­ tissage d’un art martial n’a-t-il pas comme finalité d’apprendre à se connaître pour trouver une certaine sérénité et plénitude? Toutes les écoles d’arts martiaux et de sports de combat ne s’équivalent pas. N’est-il pas paradoxal de demander aux pratiquants une soumission volontaire tout en favorisant leur émancipation? L’enseignement peut être laissé entre les mains de personnes abusives plutôt que respectueuses et démocrates. Certaines écoles, de par leur type d’enseignement, demeurent davantage porteuses de 332 Arts martiaux, sports de combat et interventions psychosociales­ préjudices alors que d’autres renvoient à un potentiel de croissance personnelle et sociale. Comment permettre aux fédérations, aux intervenants et aux pratiquants de distinguer un enseignement bénéfique d’un néfaste? Les travailleurs sociaux devraient s’assurer que l’enseignement de ces disciplines favorise l’adoption de valeurs et de conduites pacifiques qui pourront se pratiquer tant dans la salle d’entraînement qu’à l’extérieur. Les philosophies orientales aiment beaucoup recourir à des métaphores ou des contes pour illustrer des leçons de vie. Le conte asiatique, «Les portes du paradis» (Fauliot, 1984, p. 130), reflète bien l’apport indispensable d’un message éducatif et pacifique: Un samouraï se présenta devant le Maître zen Hakuin et lui demanda: « Y a-t-il réellement un paradis et un enfer?» «Qui es-tu?» demanda le maître. «Je suis le samouraï…» «Toi un guerrier! s’exclama Hakuin. Mais regarde-toi. Quel seigneur voudrait t’avoir à son service? Tu as l’air d’un mendiant.» La colère s’empara du samouraï. Il saisit son sabre et le dégaina. Hakuin poursuivit: «Ah bon, tu as même un sabre?! Mais tu es sûrement trop maladroit pour me couper la tête.» Hors de lui, le samouraï leva son sabre, prêt à frapper le maître. À ce moment celui-ci dit: «Ici s’ouvrent les portes de l’enfer.» Surpris par la tranquille assurance du moine le samouraï rengaina son sabre et s’inclina. «Ici s’ouvrent les portes du paradis» lui dit alors le maître. En cette fin de décennie (2000-2010) décrétée par l’UNESCO pour l’édification d’un monde de paix, notre société continue à être tiraillée entre l’emploi de la violence ou le recours à la paix. Les arts martiaux peuvent faire leur part en regard de la construction de la paix mais d’autres instances sociales et politiques devront agir parallèlement de manière plus responsable. À titre indicatif le gouvernement canadien, comme bien d’autres pays industrialisés, prévoit «investir pas moins de 490 milliards de dollars sur 20 ans en dépenses militaires» (Carbonneau, 2010, p. H-4). Ce genre de décision se situe malheureusement à des années-lumière d’une contribution significative pour bâtir une société empreinte de justice sociale et de paix. Imaginons un seul instant que cette somme soit consacrée à combattre l’exclusion et la violence sous toutes ses formes… Faut-il baisser les bras devant ce tableau un peu sombre? L’histoire du colibri1 illustre bien l’apport des disciplines martiales pour construire des sociétés plus pacifiques. 1. Je remercie madame Cathy Van Dorslaer, formatrice à l’Université de Paix de Namur de m’avoir raconté cette histoire. [3...

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