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c h a P i t r e 4 De la conTracePTion à la STériliSaTion représentations et motivations parmi des personnes stérilisées au Québec et en France1 Laurence Charton La contraception médicale et la possibilité de recourir librement à l’avortement et à la stérilisation ont profondément changé les comportements féconds des couples. Avec la maîtrise de la procréation, ceux-ci peuvent désormais espérer avoir le nombre d’enfants qu’ils désirent et pouvoir choisir le moment de leur naissance (Leridon, 1995 ; Charton, 2009 ; Régnier-Loilier et Solaz, 2010). Si la décision d’avoir un enfant dépend de nombreuses conditions (Hobcraft et Kiernan, 1995), celle de ne pas ou 1. Cet article s’inscrit dans un projet franco-québécois sur le recours à la stérilisation contraceptive qui a bénéficié de l’appui financier du Partenariat Familles en mouvance et dynamiques intergénérationnelles coordonné par l’INRS Urbanisation, Culture et Société à Montréal. 88 La contraception de ne plus en vouloir, et de mettre tout en œuvre pour cela – notamment en recourant à une stérilisation contraceptive –, l’est tout autant, mais le recours à cette stratégie et sa reconnaissance dépendent des contextes socioculturels. Au Canada et au Québec, la stérilisation contraceptive s’est libéralisée avec la loi de 1969, en même temps que l’ensemble des autres méthodes contraceptives médicales. Auparavant, elle n’était accessible que dans certaines conditions assez restrictives, communément appelées la «règle du cent2 ». À partir de 1971, la stérilisation devient accessible à tous et prend un essor considérable dans toutes les provinces, notamment au Québec. En 2001, dès l’âge de 30 à 39 ans, près de deux Québécoises sur cinq déclarent ainsi être stérilisées ou vivre avec un homme ayant eu une vasectomie (15% par une stérilisation féminine et 22% par une masculine) et plus d’une sur deux parmi les femmes âgées de 40 à 49 ans (31% par une stérilisation féminine et 21% par une masculine) (Charton et Lapierre-Adamcyk, 2010). En France, il faut attendre les lois de 1999 et 2001 pour que la stérilisation contraceptive soit admise sur le fondement d’une indication «médicale» (incluant des considérations médico-sociales) et non plus seulement «thérapeutique ». Auparavant, la stérilisation «volontaire» était interdite, au nom d’un principe de «non-mutilation» du corps3. Malgré le changement de loi, la stérilisation contraceptive reste toutefois toujours peu pratiquée en France: seulement 2% des femmes déclarent en 2005 avoir eu recours à une ligature des trompes et moins nombreux encore sont les hommes qui déclarent être vasectomisés (Charton et Lapierre-Adamcyk, 2008). Qu’est-ce qui amène des femmes et des hommes à choisir à un moment donné une méthode contraceptive «définitive4 »? Autrement dit, qu’est-ce qui fait qu’une personne, au Québec et en France, passe d’une 2. Selon cette règle, toute candidate à la ligature des trompes devait, pour avoir accès à l’intervention, obtenir un score minimum de 100 lorsqu’on multipliait son âge par le nombre d’enfants qu’elle avait mis au monde (Marcil-Gratton, Lapierre-Adamcyck et Duchesne, 1985). 3. Le Conseil national de l’Ordre des médecins ne l’estime acceptable que pour des motifs médicaux graves, comme une grossesse pouvant mettre en péril la santé de la femme. Les femmes et les hommes stérilisés volontairement avant 2001 y avaient ainsi recours «à la discrétion» des médecins. 4. Nous notons ce terme entre guillemets, car dans les documents médicaux remis aux personnes s’informant sur cette technique il est indiqué que la stérilisation à visée contraceptive est «en principe» irréversible. En pratique, il est possible de recourir sous certaines conditions à une anastomose tubo-tubéraire et à une vasovasectomie (opérations de réversibilité). [18.116.42.208] Project MUSE (2024-04-25 05:40 GMT) De la contraception à la stérilisation 89 méthode contraceptive réversible à une méthode «irréversible»? Comment ces personnes ont-elles vécu ou envisagent-elles les méthodes contraceptives réversibles? Existe-t-il des différences dans les représentations associ ées aux différentes méthodes contraceptives entre la France et le Québec? Mais, aussi, est...

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