-
Chapitre 5 - Les variations dans les profils des participants au net gay baromètre selon l'entrée spatiale privilégiée pour la rencontre de partenaires occasionnels
- Presses de l'Université du Québec
- Chapter
- Additional Information
5 c h a p i t r e Les variations dans les profils des participants au Net Gay baromètre selon l’entrée spatiale privilégiée pour la rencontre de partenaires occasionnels Alain Léobon Marie-Claude Drouin Au cours de la dernière décennie, Internet a pris une place importante dans les réseaux de sociabilité privilégiés par les hommes gais qui ont trouvé dans des communautés en ligne un nouvel «entre soi» permettant d’échapper aux pressions normatives (Weinrich, 1997), en particulier au regard de l’hétérosexisme, de standards corporels (voir le développement de communautés en ligne regroupant les HARSAH se définissant comme bear), des normes sécuritaires au regard du VIH/Sida (courant bareback) ou de la sérophobie affectant les réseaux de socialisation des hommes séropositifs (Davis, Hart, Bolding, Sherr et Elford, 2006). 116 Minorités sexuelles, Internet et santé Le réseau a manifestement transformé la façon dont les homo sexuel(le)s communiquent, se rencontrent et interagissent les uns avec les autres (Haag et Chang, 1997). De nombreuses études documentent, dès la fin des années 1990 (Cooper 1998; Cooper et Sportolari, 1997), les divers types de relations recherchées sur la toile gaie: quête d’un partenaire stable, de partenaires sexuels réguliers ou de rencontres épisodiques et anonymes (Bull et McFarlane, 2000). La médiation par ordinateur s’effectue par l’intermédiaire de salons de discussions, de systèmes de messageries instantanées, de sites Web proposant des recherches sur la base d’un annuaire de profils ou d’annonces personnelles, et, depuis peu, par le truchement de salons de Webcams regroupant des centaines d’usagers. Peu coûteux et accessibles en tout temps, les services de rencontre en ligne ont assuré un caractère anonyme, privatif et sécuritaire qui fut en grande partie à l’origine de leur succès (Leiblum, 1997). Cependant, l’arrivée récente du Web 2.0 déroge quelque peu à ce climat «protecteur» en conduisant l’internaute à dévoiler des pans de sa vie sociale ou intime. En effet, favorisant le développement de réseaux sociaux, ces sites permettent d’affi cher, souvent publiquement, son environnement relationnel constitué d’amis proches ou inconnus aux intérêts ou connaissances communs. En offrant ainsi une large gamme de services de rencontre aux hommes gais, le cyberespace est donc devenu une solution de rechange ou plutôt un espace supplémentaire aux lieux de rencontre traditionnels (commerciaux , associatifs ou publics) déjà existants (Léobon, 2007). Dans la poursuite du sexe, de l’amour et de l’amitié, le réseau devient «le lieu à fréquenter» pour développer ou maintenir des relations avec des partenaires tant occasionnels que réguliers (Léobon, 2009). En effet, des enquêtes suggèrent qu’entre 32% et 57% des hommes gais et bisexuels des pays occidentaux, recrutés hors ligne, ont rencontré des partenaires sexuels en ligne (Benotsch, Kalichman et Cage, 2002; Kim, Kent, McFarlane et Klausner, 2000; Mettey, Crosby, DiClemente et Holgrave, 2003; Weatherburn, Hickson et Reid, 2003), et cette proportion est encore plus grande lorsque les échantillons sont recrutés en ligne (79,8% dans Bull, 2000; 97,0% dans Bull, McFarlane, Lloyd et Reitmeijer, 2004; 96,4% Léobon, 2007). Les bénéfices de l’usage d’Internet sont tangibles et rapportés par de nombreuses études. Par exemple, Brown et al. (2005) démontrent qu’Internet agit comme un outil de socialisation, permettant aux individus de partager des expériences et d’acquérir des habiletés au regard de la [54.165.248.212] Project MUSE (2024-03-28 15:39 GMT) Les variations dans les profils des participants au Net Gay baromètre 117 communauté homosexuelle sur le plan culturel, des modes de vies, des territoires, des pratiques et scripts sexuels ou de la visibilité de sous-groupe minoritaires (Hiller et Harrison, 2007; Sanders, 2008). Cependant, le cyberespace ne présente pas que des avantages pour ceux qui le pratiquent. En plus de contribuer à une perte de temps et à l’évasion de la vie réelle (Hillier, Kurdas et Horsley, 2001), Engler et al. (2005) signalent, par exemple, que l’usage des sites de rencontre en ligne semble avoir modifié la sexualité de certains répondants dans son intensité, mais aussi dans la nature de ses activités dont certaines peuvent devenir probl...