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Préface de la deuxième édition Même en science exacte, l’objectivité est relative et les divergences d’opinion entre savants sont de plus en plus nombreuses sur des questions que l’on croyait réglées depuis longtemps. Si cela est vrai pour la physique nucléaire, on imagine facilement la situation dans des champs d’étude aux variables infinies comme les relations internationales et la diplomatie. Surtout si l’entité dont on étudie les relations avec les autres pays ne jouit pas, tout en étant une nation au sens le plus fort du terme, du statut juridique complet et reconnu qui devrait être le sien. Le défi était de taille pour l’auteur du présent livre. Comment faire partie du concert tout en étant exclus de la fosse d’orchestre?! Il est évident que le regard d’un jeune lucide et engagé, issu d’une nation vivant une telle anomalie, ne peut être froid. Celui de Jean-François Payette n’en est pas moins précis et méthodique tout en étant ardent. Ce qui compte le plus dans une étude aussi complexe ne peut donc pas être la neutralité. Notre auteur fait primer ce que le lecteur attend et qui le sert: l’honnêteté, la rigueur, la méthodologie, la connaissance des faits et la volonté de les approfondir. Son engagement passionné envers l’indépendance du Québec ne nuit donc en rien à son travail mais au contraire conforte sa volonté d’aller au fond des choses telles qu’elles sont en laissant entrevoir ce qu’elles pourraient être quand le Québec aura choisi l’indépendance. Les nations qui peuvent être libres ont le devoir de l’être et elles le sont presque toutes déjà: le Québec fait partie de la petite minorité de celles qui n’ont pas encore effectué ce choix essentiel réalisé par près de 150 autres 10 Introduction critique aux relations internationales du Québec depuis 1945. Cependant, cette question a failli être réglée en 1995 et l’aurait sans doute été si le gouvernement du Canada n’avait pas eu un comportement éthique déshonorant et n’avait pas violé les rigoureuses règles démocratiques québécoises. En recherchant l’indépendance, le Québec agit évidemment dans son intérêt propre, comme l’ont fait les autres nations. Mais au-delà des enjeux nationaux évidents, le devoir de liberté des peuples, dans cette ère de mondialisation avancée et inéluctable, repose aussi sur l’intérêt global de l’humanit é. Pour être régulée de façon juste et équitable, la mondialisation ne peut se passer des institutions internationales qui harmonisent le «concert des nations». Pour cela, il faut que les nations de toutes les tailles y soient conviées et y participent, et que les petites se concertent parfois entre elles au besoin pour faire contrepoids à certaines grandes. C’est ainsi que les nations peuvent, dans ces forums planétaires, défendre la spécificité culturelle et la richesse créatrice qui en découle. Un recul en cette matière serait appauvrissant pour l’humanité. Les questions sociales et économiques requièrent aussi les mêmes contributions de diversit é nationale. C’est une manière d’éviter les iniquités et les impérialismes, ainsi que de conjurer les dérives et les injustices chroniques encore trop nombreuses dans les rapports internationaux. Au-delà de ces impératifs, il s’en trouve un autre aussi essentiel: la dignité. Il n’est pas acceptable que la nation québécoise, qui fait partie des trente premières puissances du monde, soit exclue des Nations Unies et doive se contenter de siéger dans le Conseil de la fédération, qui réunit des entités administratives provinciales respectables mais dont aucune n’a les caractéristiques d’une nation. On peut aussi dire sans arrogance qu’elles n’ont pas non plus la vigueur culturelle, sociale et économique du Québec contemporain dont les succès pris dans leur ensemble sont de plus en plus spectaculaires comparés à ceux du reste du Canada. Ne pas être présent aux forums auxquels nous avons le devoir de participer débouche également sur des situations absurdes comme celles vécues à Copenhague ou à Cancun: c’est le cancre écologique qu’est le Canada qui parle au nom d’un des premiers...

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