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S’il est une chance encore de renouveau et d’élargissement du projet d’affirmation politique du Québec, elle réside dans ce foyer d’espoirs d’un monde qui se fabrique sous nos yeux. Anne Legaré Les relations internationales du Québec ne datent pas d’hier. L’intérêt que porte cette province aux questions internationales remonte aussi loin qu’au début du XIXe siècle. Déjà, à cette époque, un certain nombre de liens de diverses natures furent tissés entre le Québec et «le monde extérieur ». Toutefois, ceux-ci furent relativement mineurs avant l’arrivée au pouvoir du Parti libéral du Québec de Jean Lesage. La stimulation qu’ont connue les relations internationales depuis les années 1960 les redynamise complètement de manière diachronique, à cause de l’atmosphère de changements et de bouleversements qui caractérisait le Québec de la Révolution tranquille ; elle a également été propulsée par les transformations du système international où les relations internationales ne sont plus du ressort exclusif des États souverains. Cette stimulation a surtout été engendrée par la doctrine Gérin-Lajoie. C’est cette dernière, par sa revendication centrale du droit pour le Québec de prolonger les champs de compétence Conclusion 140 Introduction critique aux relations internationales du Québec qui lui étaient impartis sur la scène internationale, qui rapidement deviendra la trame eidétique qui circulera entre les acteurs au Québec et qui servira de socle métaphysique sur lequel reposera la légitimité des activités internationales du Québec. Bien que la doctrine Gérin-Lajoie ait permis certaines avancées pour le Québec en matière de relations internationales, procurant à cet État une explosion de ses relations internationales – lui fournissant un discours, une forme de légitimité, une logique argumentative, etc. –, elle montre un certain nombre de limites. Suivant la modélisation élaborée dans les deux derniers chapitres, la doctrine Gérin-Lajoie est limitée dans ses actions et son efficacité à une affirmation faible de la souveraineté du Québec en matière de relations internationales. Portant à la fois allégeance à la souveraineté canadienne et à la souveraineté québécoise, cette doctrine empêche en quelque sorte le Québec de se doter d’une véritable politique étrangère, soit une paradiplomatie identitaire. C’est à partir de cet état de fait que nous avons cherché à démontrer dans cette étude à quel point le Québec gagnerait à se pourvoir d’une paradiplomatie identitaire en matière internationale. Comme nous l’avons constaté tout au long de cet essai, le Québec, en se limitant à essayer d’appliquer la doctrine Gérin-Lajoie, agit et continuera d’agir sous le parapluie de la souveraineté dominante en matière de relations internationales. La question n’est donc pas pour le moment de postuler l’existence d’une politique étrangère entièrement souveraine: celle-ci exigerait la création d’un État du Québec indépendant, donc pleinement souverain et reconnu comme tel. Il s’agit plutôt, avec l’idée de paradiplomatie identitaire, d’élargir au maximum, dans le cadre politique actuel, les marges dont pourrait disposer le Québec. C’est dans cette logique que nous avons tenté de faire valoir la paradiplomatie identitaire, instrument efficace s’il en est un et qui pourrait fournir au Québec la doctrine susceptible d’augmenter et de maximiser, le plus massivement que l’on puisse concevoir, sa puissance politique à l’étranger en tant que province. Suivant le modèle que nous avons élaboré, tout le monde aura compris que l’avènement d’une paradiplomatie identitaire, parce qu’elle accroît l’autonomie (et la souveraineté) politique extérieure du Québec, aurait pour conséquence d’intensifier les tensions politiques entre les deux vecteurs de souveraineté, canadienne et québécoise. [52.14.8.34] Project MUSE (2024-04-24 19:26 GMT) Conclusion 141 Et pourtant... l’indépendance est la seule garantie pour le Québec! Toutefois, bien qu’une paradiplomatie identitaire puisse autoriser, dans le futur, le renforcement de la présence du Québec sur la scène internationale, il n’en demeure pas moins que seule une souveraineté pleine et entière pourrait permettre au Québec de jouir d’une authentique autonomie politique et de s’épanouir pleinement et sans contraintes (intergouvernementales ) dans ses...

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