In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Avant la Révolution tranquille, s’il y eut des efforts du gouvernement du Québec en politique étrangère, il faut constater qu’ils furent des plus modestes. Louise Beaudoin Dans ce troisième chapitre, nous présenterons, dans un premier temps, les sources ontologiques de l’Être-québécois, les fondations métaphysiconationales de cette société, et la relation originelle canado-québécoise imposée à même sa matrice culturelle (celle du Québec). Également et en complémentarité, nous brosserons un tableau de la dynamique historicopolitique canadienne – dynamique nécessaire à une compréhension globale de la dynamique québécoise. Ces précisions nous permettront d’autant mieux – pour une intellection plurilatérale du phénomène – de saisir, dans un deuxième temps, la conjoncture historique que représentent les relations internationales du Québec, du début du XIXe siècle jusqu’au début des années 1960. La description de ces relations qui furent peu développées durant cette période nous permettra de constater et de comprendre les effets de l’application des principes de la « doctrine Gérin-Lajoie», qui émergea en plein cœur de la Révolution tranquille. Il faut souligner que les faits retenus dans ce chapitre sont ceux qui sont généralement relatés CHAPITRE 3 Les relations internationales du Québec avant 1960 74 Introduction critique aux relations internationales du Québec dans la littérature. Ces relations se résument à peu de chose, comme l’illustre le tableau 1 (voir p. 84). Mais délimiter l’espace, même restreint, que représente l’ensemble de ces activités durant cette large fourchette de temps (un siècle et demi) nous aidera à porter un regard plus éclairé sur l’état actuel des lieux ainsi que sur nos perspectives d’avenir. Mise en contexte historique: retour aux sources1 Pour bien comprendre la dynamique canadienne, il est important de tenir compte d’un certain nombre de considérations sociohistoriques. Tout d’abord, il faut se rappeler que ce sont les aïeux des Québécois d’aujourd’hui qui se sont considérés les premiers, en ces terres, comme étant Canadiens, et ce, dès le XVIIe siècle2. Les autochtones de ce territoire, les Amérindiens, commencent à peine maintenant à se désigner comme Canadiens, alors que ce processus identitaire de «canadianisation» ne préoccupe les Canadiens anglais que depuis la fin du XIXe siècle3. Apportons ici une longue mais importante précision. Pendant plus de 150 ans, «[...] les Canadiens d’origine française vivent seuls dans un État séparé. [...] sans chercher à devenir une minorité dans un grand tout dominé par une nation étrangère. [...] Aussi longtemps que le Canada français [...] [vit sous un mode plutôt autarcique], aussi longtemps que la cause de sa naissance et de son épanouissement comme peuple [...]» est présente et centrale dans cette jeune société, elle se développe, se consolide et évolue vers l’édification d’une nation moderne et pleinement constituée4. En ce sens, cette nation française d’Amérique du Nord aurait eu l’attribution et le privilège de s’approprier sa souveraineté, c’est-à-dire l’autonomie et la responsabilité interne et externe de sa société et «[...] d’être présente par elle-même au monde5 ». Mais l’histoire en décida autrement; l’aventure qui devait historiquement mener à un État-nation français en Amérique 1. La première section de ce troisième chapitre s’inspire, en partie, du texte de Christian Dufour, professeur à l’École d’administration publique, «Les relations intergouvernementales du Québec», tant dans le fond que dans la forme. 2. Christian Dufour, «Les relations intergouvernementales du Québec», dans Jacques Bourgault, Maurice Demers et Cynthia Williams, Administration publique et management public – expérience canadienne, Québec, Les Publications du Québec, 1997, p. 338. 3. Idem. 4. Maurice Seguin, L’idée d’indépendance au Québec – Genèse et historique, Trois-Rivières, Boréal express, coll. «1760», 1968, p. 10-11. 5. Ibid., p. 12. [3.135.246.193] Project MUSE (2024-04-25 14:58 GMT) Chapitre 3 – Les relations internationales du Québec avant 1960 75 s’estompa tragiquement avec la Conquête de 1759-1760 – la nation s’étant constituée, mais l’État souverain ne s’étant jamais réalisé. (Ce qui n’est pas sans rappeler...

Share