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CHAPITRE 1 Àla fin d’un cours de mathématique, Raymond va voir Richard, son enseignant, et lui dit: – Bonjour Monsieur ! Vous savez, je mets beaucoup d’effort à essayer de comprendre les notions de géométrie. J’espère que je ne travaille pas pour rien. À quoi cela va-t-il me servir dans la vie? Richard ne réagit pas tout de suite. Après quelques secondes, il demande à Raymond: – Quel est ton loisir préféré? – J’aime beaucoup jouer au billard, répond Raymond. Beaucoup de mes amis jouent au billard. – Tu sais, Raymond, le jeu du billard comporte beaucoup d’éléments de géométrie. – Ah, oui! C’est intéressant. Pouvez-vous m’expliquer? Depuis, Raymond cherche à tout intégrer ce qu’il apprend en géométrie dans son activité préférée, le billard. Avec le temps, son expérience du billard s’est enrichie de connaissances géométriques. Il a même élargi son expérience du billard, car ses nouvelles connaissances ont modifié sensiblement sa vision du jeu. Il ne pense plus ses coups de la même façon, il a amélioré sa lecture de la table, il est plus précis dans ses coups et il prend, pour ainsi dire, des décisions fondées, entre autres, sur la prise en compte de paramètres géométriques. Ses L’expérience La clé d’un renouveau pédagogique 6 Apprendre par l’expérience active et située nouvelles connaissances sont très signifiantes, bien qu’il se soit rendu compte que le tapis d’une table de billard n’est pas une surface parfaitement plane, que les bandes de la table ne sont pas véritablement en ligne droite, que la trajectoire des boules dépend aussi de la vitesse et de la qualité du tapis et ainsi de suite. À ce propos, Richard lui dit: – Il y a une différence entre le savoir géométrique et la connaissance géométrique. Le savoir géométrique n’existe que dans l’idéal géométrique. C’est le savoir des géomètres. Dans la vie, lorsqu’on adapte ces savoirs, ils deviennent des connaissances géométriques. Celles-ci sont adaptées à l’activité et aux situations de la vie. Par exemple, dans ton cas, tu adaptes ce que tu apprends en classe dans ta pratique du billard. Ce sont des connaissances parce que tu les intègres dans ton expérience du jeu. C’est dans ton expérience du billard qu’elles deviennent signifiantes. Et grâce à ton expérience, tu t’es vite rendu compte que même les meilleures tables de billard ne sont pas parfaites au plan géométrique. Comme tu peux le voir, il y a une grande différence entre le savoir géométrique pur, qui est décontextualisé, qui n’est vrai qu’en géométrie, et la connaissance géométrique, qui est appliquée et fondée sur ton expérience du billard. Surpris de ce qu’il entend, Raymond demande: – Est-ce que cela veut dire que les connaissances, ce n’est pas bon? Que seuls les savoirs sont parfaits? – Non, non! Dans la vie, ce sont les connaissances qui fonctionnent, pas les savoirs. Ces derniers n’intéressent vraiment que les géomètres ou ceux qui veulent le devenir. Mais, tu vois, un géomètre qui ne sait pas jouer au billard n’a pas des connaissances géométriques identiques à celles que tu as. Ses connaissances sont plus expertes, plus développées dans le domaine de la géom étrie, mais il ne peut transférer ses savoirs au billard sans d’abord développer une expérience au billard. Ses connaissances sont trop générales, trop théoriques , trop décontextualisées en regard des situations de billard. Par exemple, il va faire comme le débutant qui, lorsqu’il frappe une boule, ne se sait pas donner une trajectoire droite au mouvement de la queue de billard: il va la faire zigzaguer et son coup ne sera donc pas précis. D’ailleurs, même les meilleurs joueurs ne peuvent pas obtenir un mouvement parfaitement droit. Ils ne recherchent que la pseudo-droite optimale. Tu sais, je m’y connais aussi un peu à ce jeu. – Mais alors, demande Raymond étonné et perplexe, que doit-on apprendre...

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