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P a r t i e 3 Vieillir où et avec qui? Les environnements Nancy Guberman Professeure titulaire, École de travail social, Université du Québec à Montréal (UQAM) Chercheure membre, Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale (CREGÉS), CSSS Cavendish – CAU Ignace Olazabal Chercheur d’établissement, Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale (CREGÉS), CSSS Cavendish-CAU Professeur associé, École de travail social, Université du Québec à Montréal (UQAM)  . Une partie de cette introduction a été traduite de l’anglais au français par Marie-Chantal Plante. 246 Vieillir au pluriel Comme nous l’avons vu dans les parties précédentes, le vieillissement est une expérience d’une grande variabilité. Il est toutefois admis que le degré d’incapacité qui accompagne l’avancée en âge a une influence importante sur la façon sociale de vieillir. On peut ainsi vieillir en santé, socialement actif et chez soi, se trouver en situation d’isolement social prononcé, médicalement assisté dans son domicile, être semi-autonome et vivre dans une maison de retraite, être hébergé en institution de soins de longue durée, etc. Aussi, il faut tenir compte des personnes qui entourent ou qui accompagnent, d’une façon ou d’une autre, les personnes ayant des incapacités liées à l’avancée en âge, tout comme de la nature des relations intergénérationnelles, aussi bien ascendantes que descendantes . En fait, l’habitat et les relations sociales (privées et publiques) constituent deux réalités incontournables du vieillissement. C’est pourquoi il convient de saisir l’hétérogénéité des façons de vieillir au regard de ces deux aspects. La présente partie traitera ainsi plus spécifiquement des relations sociales et des milieux de vie des personnes âgées, en partant du fait que les vieillissements sont multiples et susceptibles de donner lieu à des configurations très diverses. Il est bien entendu difficile de séparer les environnements sociaux des milieux de vie dans la mesure où toute relation sociale se vit dans un lieu déterminé (le foyer, le milieu de travail, l’espace public anonyme, etc.). Les environnements sociaux des personnes âgées sont constitués, pour plusieurs d’entre elles, principalement par leur entourage familial et par leur communauté (de laquelle font partie la caissière, la coiffeuse, la pharmacienne , etc.) et, lorsqu’elles ont des incapacités ou des maladies sévères, par les personnels de l’appareil de santé et de services sociaux. Mais ces environnements sont intimement liés au milieu de vie des per­sonnes, ce dernier conditionnant largement la qualité des relations sociales. En fait, les interactions entre les personnes âgées et les membres de leur entourage se déroulent dans des espaces qui sont souvent chargés symboliquement. Les environnements sociaux des personnes âgées En raison de la transition démographique du dernier siècle, caractérisée par l’augmentation de l’espérance de vie et la décroissance de la natalité, les familles sont moins nombreuses mais plus de générations se côtoient (généralement quatre), selon une structure dite beanpole (Bengtson, 2006). La nature de la transmission intergénérationnelle s’est considérablement transformée au cours de la modernité avancée par la croyance en la préémi­ nence de la famille nucléaire – alors qu’en réalité la logique familiale demeure encore en large mesure fondée sur la famille élargie, comme le [3.16.218.62] Project MUSE (2024-04-23 10:56 GMT) Vieillir où et avec qui? 247 démontrent de nombreux travaux réalisés au cours des vingt dernières années dans les pays occidentaux (Attias-Donfut, Lapierre et Segalen, 2002; Finch et Mason, 1993; Godbout, Charbonneau et Lemieux, 1996). D’autre part, la stabilité et la prévisibilité des modèles familiaux tendent à se transformer par l’entremise des «démariages» (Théry, 2005), de la monoparentalit é ou encore de la vie en solo, voire isolée. La logique intergénérationnelle est devenue, comme l’indique Irène Théry, incertaine (non fondée sur un modèle déterminé). Les solidarités familiales traditionnelles axées sur un modèle mécanique tendent à se transformer vers un modèle que nous dirons électif (on choisit les membres de la lignée avec lesquels on désire développer...

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