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Chapitre 12 La Chine du Nord importera de l’eau de ses lointaines montagnes Frédéric Lasserre 1. Une ressource de plus en plus rare 1.1. La plaine de Chine du Nord manque d’eau La plaine du nord de la Chine est confrontée à un grave problème de rareté de la ressource en eau. Pour l’ensemble de la Chine, les chiffres indiquent une disponibilité moyenne de 2 156 m3 par personne et par an en 20071. Derrière cette moyenne qui peut sembler relativement confortable se cachent de très grandes disparités. Dans le sud-est côtier, cette disponibilité monte jusqu’à 32 000 m3/pers., alors qu’elle n’est que de 501 m3 dans la plaine du Nord (2001) (figure 12.1); à l’intérieur du bassin du fleuve 1. Jian Xie et al., Addressing China’s Water Scarcity. Recommendations for Selected Water Resource Management Issues, Banque mondiale, Washington, 2009, p. xx. 326 Eaux et territoires Hai, cette disponibilité n’est que de 285 m3/pers. en 2007. La Chine du Nord (bassins des 3-H – Huanghe ou fleuve Jaune, Hai et Huai – et Song-Liao) rassemblait en 2001, 46,5 % de la population, 64,8 % des terres arables, 45,2 % du PIB pour 19,6 % des­ ressources en eau2. Dans la région de Beijing, la disponibilité est tombée à 230 m3/pers. en 2008, contre plus de 1 000 en 1949… À cet extrême contraste de la répartition géographique de l’eau en Chine, s’ajoute une grande variabilité dans le temps : le Huang He, ou 2. Jiang Liu, Study on China’s Strategy of Resources Utilization, China Agriculture Press, Beijing, cité par Xie, op. cit., 2009, p. 10. Figure 12.1. La répartition des précipitations annuelles Guangzhou KIRGHIZSTAN TAÏWAN BANGLADESH INDE NÉPAL BHOUTAN BIRMANIE LAOS VIETNAM CORÉE DU SUD Shanghaï Changsha Chongqing Xining Pékin Shenyang Harbin Urumqi CORÉE DU NORD RUSSIE MONGOLIE KAZAKHSTAN KIRGHIZSTAN Guangzhou Réalisation : Département de géographie, Université Laval 0 400 km 50 200 400 800 1 000 1 400 Précipitations en millimètres Source:  Jean-Pierre Larivière et Pierre Sigwalt, La Chine, Masson/Armand Colin, Paris, 1996, p. 18. [3.21.248.47] Project MUSE (2024-04-24 11:23 GMT) La Chine du Nord importera de l’eau de ses lointaines montagnes 327 fleuve Jaune, peut atteindre à Lijin, près de l’embouchure, pendant la mousson, des débits de crue de l’ordre de 22 000 m3/sec, mais se réduire à un maigre 250 m3/sec à son étiage, en hiver. Le problème ne provient pas que des inégales répartitions spatiales et temporelles de la ressource en eau. En réalité, alors qu’il y a seulement 30 ans, la question de la disponibilité de la ressource ne se posait guère en Chine, la consommation a crû si rapidement que le nord du pays fait face à une situation de manque chronique. Depuis 1995, la demande à Pékin est supérieure à la capacité du réseau3. Les deux réservoirs qui alimentent la capitale, Miyun et Guanting, ne sont plus remplis qu’à 10% de leur capacité, tandis que Guanting est classé impropre à la consommation depuis 1997, car il est trop pollué4. Afin de soulager la pression sur les systèmes hydrauliques de la région, 92 millions de m3 sont dérivés annuellement depuis 2004 à partir des provinces du Hebei et du Shanxi, aggravant leurs propres problèmes d’eau5. Le pompage excessif de la nappe phréatique a fait plonger le niveau de celle-ci de 6 m sous la surface en 1950 à 50 mètres en 1994, puis à 61 mètres en 1999, soit une baisse de près d’un mètre par an6. En certains endroits de la région, certains puits ont dû descendre à près de 1 000 m pour trouver de l’eau, en forant dans les nappes karstiques7… Dans le bassin du Hai, le pompage, de 26 milliards de m3/an, dépasse de 7,2 milliards m3 la régénération des aquifères8. D’autres chiffres moins alarmistes font état de baisses du niveau de la nappe de 38 cm par an de 1980 à 1990; puis, malgré des efforts réels de rationalisation de la consommation, d’environ 18 cm par an en moyenne depuis 19919. Pourtant, en 1999, la baisse a été de...

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