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Chapitre 8 Les régions qui gagnent, vingt ans après Guy loinger Lors de la préparation au séminaire de l’OIPR (Observatoire international de prospective régionale) de janvier 2008 sur le thème «Ancrage territorial et compétitivité globale des territoires», nous avions contacté Georges Benko en vue d’une intervention de sa part. Il s’est vivement excusé: son état de santé, déjà déclinant, ne lui permettait pas de participer à cette journée. Je n’ai pas eu la chance de connaître Georges en dehors de colloques et autres manifestations universitaires et de recherche, mais je garde de lui le souvenir d’un intellectuel ayant de grandes qualités humaines. Le souvenir de sa voix, grave, de son parler lent et de son bel accent de l’Europe centrale est encore très présent en moi. Georges nous a quittés trop tôt, trop vite, car l’acuité de ses analyses représenterait encore 1 Penser les territoires aujourd’hui un grand appui à l’intelligibilité de ce monde, dans le contexte actuel, troublé et incertain. Nous disposons cependant de ses écrits, qui témoignent de la profondeur de ses vues dont, comme l’indique André Joyal (2009), le «livre culte», Les régions qui gagnent, coordonné avec André Lipietz (1992), et dont je me plais à relire sa dédicace amicale, comme trace d’une relation chaleureuse au-delà des misères de la vie. Notre propos consistera, dans ces quelques lignes, à faire le lien entre les travaux de Georges et nos propres travaux de recherche dans le cadre de notre enseignement à l’Université de Paris 1, enrichis par les nombreux séminaires que j’ai eu l’occasion d’organiser dans le cadre précit é, ainsi que par ma participation, déjà ancienne il est vrai, aux travaux de recherche du GREMI (Groupe de recherche sur les milieux innovateurs), auquel j’ai activement participé dans les années 1990 et, si l’on remonte plus loin, par mon intérêt pour les travaux d’un autre grand économiste des territoires, lui aussi disparu trop tôt, Philippe Aydalot, qui a fondé le master dans lequel j’enseigne encore, économie de l’aménagement et du développement local, du Département d’économie de l’Université de Paris 1-La Sorbonne. Enfin, les analyses qui résultent de mon activité d’étude et de recherche dans le cadre du Groupe d’étude international sur les stratégies territoriales et l’économie locale (GEISTEL), notamment une étude récente pour l’ancien ministère de l’Économie, corédigée avec mon collègue Denis Carré, «Méthodologie d’évaluation de la performance économique des territoires» (Carré et Loinger, 2008). L’approche que nous souhaitons développer dans ces lignes consiste en une lecture critique et amicale de l’ouvrage collectif Les régions qui gagnent. Que peut-on dire aujourd’hui, près de vingt ans plus tard, de la théorie des districts industriels (pôles, systèmes productifs locaux), dans un contexte marqué par l’extension de la sphère de la globalisation productive à l’échelle mondiale, avec un transfert massif des segments productifs directs des grandes filières industrielles dans les pays émergents, par la dominance croissante des grands groupes industriels à marchés planétaires, par la diffusion étonnamment rapide des systèmes d’information et de communication électronique, par une montée en puissance des pôles technologiques au détriment des pôles industriels, symptomatique des nouvelles formes de spécialisation des pays dits développés, par la poursuite de la concentration des ressources humaines et décisionnelles dans les grandes métropoles? Quel avenir dans ces conditions pour les pôles industriels classiques «à l’italienne»? Il est à vrai dire difficile de critiquer cet ouvrage du fait même de sa structure, sous forme de communications de chercheurs et d’universitaires qui représentent en quelque sorte «la fine fleur» de la science [18.222.119.148] Project MUSE (2024-04-19 21:43 GMT) Les régions qui gagnent, vingt ans après 1 économique et géographique territoriale. D’ailleurs, s’agit-il vraiment d’une critique? Cela n’est pas certain. Plutôt un prolongement, une analyse des raisons de ce qui nous apparaît à tort ou à raison comme l’expression d’une certaine désillusion. Car nous ne sommes pas les seuls à avoir «cru» dans les années 1990...

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