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4 Comment savoir si le commerce équitable atteint ses objectifs? Évaluation et impacts Après plus de 60 ans d’existence depuis les premières initiatives en Angleterre et aux États-Unis, le commerce équitable possède plusieurs réussites à son actif, mais a encore beaucoup de défis à relever. Des études d’impacts sont apparues au début des années 2000 afin de permettre à certaines organisations historiques d’effectuer un bilan de leurs activités, mais surtout parce que la popularité grandissante du commerce équitable avait inévitablement introduit des questions sur son efficacité réelle. Les  Commerce équitable dernières années ont ainsi connu une explosion de livres, articles scientifiques et colloques sur le sujet, ces études devenant de plus en plus techniques et complexes. Certains affirment que les études d’impact sont presque toujours partielles et même anecdotiques et qu’elles sont difficilement comparables puisqu’elles n’ont pas de méthodologie partagée, ce qui rendrait difficile l’énoncé de conclusions générales sur l’efficacité du commerce équitable. À notre avis, ce ne sont pas des raisons techniques qui rendent l’analyse de l’impact du commerce équitable difficile, mais plutôt des questions de philosophie d’évaluation. En effet, les études d’impact sont des photographies d’une situation à un temps donné, ce qui rend difficile l’identification des changements et limite la prise en compte de phénomènes se déroulant sur le long terme et dans le contexte étudié. Le commerce équitable vise à apporter une contribution au changement social au Nord et au Sud et les processus en jeu sont naturellement longs et complexes. On reconnaît d’ailleurs que les réussites sont conditionnelles aux dynamiques politiques et, aux caractéristiques socioculturelles des producteurs (Raynolds, Murray et Taylor, 2004). Le type d’acteur impliqu é influence aussi le changement: entre propriétaires et travailleurs de plantation (Pirotte, Players et Poncelet, 2006) ou, dans le secteur artisanal, entre professionnels et«amateurs» (Mestre et al., 2002). Au lieu de présenter une dichotomie réussites/ limites, nous allons démontrer l’ambivalence et la nonlin éarité des changements que veut proposer le commerce équitable. Nous croyons que la question qui doit être posée pour évaluer sa réussite ne se formule pas en termes d’indicateurs d’impact, mais de contribution au changement social. Ce changement de perspective est aussi pertinent pour réfléchir à la façon de construire les systèmes de garantie. C’est une réflexion qui a cours dans le milieu du développement (Earl et al., 2001) et qui doit être intégrée au commerce équitable. [3.136.26.20] Project MUSE (2024-04-25 14:54 GMT) Comment savoir si le commerce équitable atteint ses objectifs?  CommenT évALuer Les ConTribuTions Du CommerCe équiTAbLe Au CHAngemenT soCiAL? Avant de présenter les résultats des diverses études d’impact qui ont été publiées, il convient de se pencher sur les philosophies derrière les méthodes d’évaluation. L’idée d’attribution, qui apparaît en filigrane dans la majorité des études d’impact qui sont publiées, signifie que l’on tente de lier directement des résultats mesurables à une activité d’un projet. Par exemple, selon cette optique, on devrait pouvoir attribuer l’augmentation de revenu des producteurs au commerce équitable dans une logique de causalité (en simplifiant un peu). Cependant, une autre façon de voir les choses serait de se demander quelle est la contribution du commerce équitable au changement social ou au développement. Dans cette optique, le projet de commerce équitable a une certaine incidence qu’on tente d’évaluer, mais en prenant en compte le fait que le changement désiré est un processus complexe qui dépend d’autres facteurs et qui est porté par les acteurs locaux. D’après nous, la notion de contribution nous permet d’obtenir une meilleure évaluation des pratiques puisque isoler une relation causale de changement dans un temps court, comme le proposent les études d’impact, est quasi impossible. Aussi, penser en termes de contribution permet de mieux situer l’apport d’autres facteurs (autres projets , histoire locale, politiques gouvernementales, etc.) qui sont aussi des facteurs de changement et que les acteurs du commerce équitable ne peuvent ignorer au risque de voir leur action subir des effets pervers. Réaliser que notre projet a des incidences limitées et décroissantes dans le temps, à mesure...

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