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CHAPITRE 13Trajectoires de réintégration et de retour au travail de deux personnes avec un trouble mental Marc Corbière Marie-José Durand Luc Vigneault Dans ce chapitre, nous aborderons les troubles mentaux en lien avec le travail, notamment sous l’angle des savoirs expérientiels de personnes qui sont ou qui ont été aux prises avec un trouble mental en processus de (ré) intégration ou de retour au travail. Dans cette optique, nous vous proposons deux entrevues, la première réalisée avec un homme qui a une schizophrénie et la seconde, avec une femme ayant eu une dépression majeure; tous deux ont accepté de répondre à diverses questions relatives aux thèmes abordés dans cet ouvrage collectif. Nous pensons non seulement que leur témoignage met en relief les enjeux que peuvent vivre les personnes avec un trouble mental en lien avec leur participation au travail, mais qu’il constitue aussi une illustration concrète et humaine des divers thèmes abordés dans ce livre. Ce chapitre est donc divisé en deux parties. La première renvoie au contenu d’une entrevue avec une personne qui a une schizophrénie et en processus d’intégration et de réintégration au travail, alors que la seconde partie reflète l’expérience d’une personne avec une dépression majeure en 364 l Du trouble mental à l’incapacité au travail processus de retour au travail. Pour rendre la lecture de ces témoignages plus fluide, le compte rendu in extenso a été légèrement retouché ou restructur é, mais le sens ou les messages qu’il comporte demeurent intacts. PREMIèRE ENTREVUE, AVEC UN HOMME QUI A UNE SCHIZOPHRéNIE Quand le premier épisode de la maladie est-il arrivé pour vous? Bien, en fait, autant que je me souvienne, ça avait commencé à apparaître, j’étais jeune adulte, si on peut dire, j’ai commencé à avoir des hallucinations visuelles et auditives à jeun, c’est important de le dire. Ça arrivait plus par épisodes, chez moi, et puis bon, c’est sûr que je trouvais ça un peu bizarre, et puis parallèlement à ça, j’étais un garçon plutôt timide, je sentais que je développais de plus en plus de la timidité, ce qu’on appelle aujourd’hui, le retrait social. Mais à l’époque, je ne savais pas trop ce qui se passait… J’ai commencé aussi à avoir de la difficulté à me concentrer, ce qui fait que j’ai abandonné l’école, je n’étais pas capable de suivre mes cours à ce moment-là. Fait que j’ai complètement abandonné l’école. Et puis, j’ai commencé à travailler par des travaux manuels… Je dois dire que je ne gardais pas beaucoup mes emplois, j’avais beaucoup de difficultés à garder mes emplois, je perdais continuellement mes emplois. Mais qu’est-ce qu’on vous disait à ce moment-là? Bien, ce qu’on me disait, c’est que je ne suivais pas le rythme des autres… J’avais beaucoup de difficultés aussi à travailler en équipe, à travailler en groupe. C’est des choses que j’avais beaucoup de difficultés… suivre la cadence de tout le monde, le rythme de tout le monde… Est-ce que ces emplois étaient rémunérés? C’étaient des emplois rémunérés, par exemple, j’ai travaillé dans un cimetière pour tondre le gazon, j’ai travaillé pour une entreprise qui faisait, peintre en bâtiments… Bien, taper, mettre du tape, là, le long des murs…c’était du travail très, très, très répétitif… je n’aimais pas ça… j’avais de la difficulté… fallait se dépêcher parce que eux, peinturaient avec des guns… donc, fallait aller vite parce qu’ils allaient vite… c’est un peu ça le travail que j’ai fait. Puis, quand vous aviez ces emplois-là, est-ce que vous aviez déjà reçu votre diagnostic ou pas? Qu’est-ce qui vous a décidé à consulter? À ce moment-là, je ne l’avais pas reçu… C’est venu beaucoup plus tard dans mon cas… entretemps, je me suis marié… C’est probablement ça qui a précipité les choses (rires)… J’avais 20 ans, comme dit la chanson. En fait, je dois dire que je vivais dans un quartier qui était près de Louis-Hyppolite [18.116.239.195] Project...

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