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4 L’humiliation The wounded tiger«Iceland—The Nordic Zimbabwe.» The Huffington Post, 5 janvier 20091 L’Islande était devenue au tournant du millénaire une sorte de success story pour les petits pays en croissance: égalitaire, riche et vertueuse, considérée à l’étranger comme le «Nordic tiger». Le revirement de situation provoqué par la crise en 2008 prend irrémédiablement la forme d’une dure humiliation pour elle. Propulsé par un nationalisme économique délirant jusqu’à la fin de l’été 2008, le pays se trouve foudroyé en pleine ascension, atteint au cœur d’une fierté jusque-là débonnaire. L’excellente réputation et l’image de l’Islande changent en quelques jours. Quelques-uns s’apitoient sur cette déchéance et parlent de l’Islande comme d’une «victime de la crise». Ils se désolent qu’un pays que l’on disait moralement si fort et dont les citoyens ont une si bonne réputation de travailleurs puisse être ainsi atteint. C’est la position du chroniqueur . Íris Erlingsdóttir, «Iceland—The Nordic Zimbabwe», The Huffington Post, 5 janvier 2009. 1 La spectaculaire déroute de l’Islande anglais A.A. Gill, qui écrit dans The Sunday Times: «Iceland and Icelanders have been forged on the anvil of hard knocks. The unfair thing about this latest paper calamity is that it happened just when they thought things were going so well2.» D’autres sont sans pitié. The International Herald Tribune pose un jugement sévère sur la «richesse» islandaise d’avant la crise, parlant ainsi de: «the extraordinary reversal in the country’s fortunes after a decadelong , debt-fueled binge by the country’s banks, businesses and some private citizens3 ». L’emprunt démesuré des banques, des entreprises et des citoyens: voilà pour ce journal la cause de l’inévitable déconfiture financière islandaise . La plupart des journalistes, toutefois, s’en tiennent aux faits suivants: un pays riche, parmi les plus prospères du monde, est subitement tombé au bas de l’échelle économique mondiale. «The Nordic nation, écrit-on dans The Australian, has in the past week gone from a rich, prosperous country to one that is on the brink of bankruptcy.» Du meilleur au pire, cette dégradation humiliante s’accompagne des soubresauts de la valeur de la couronne islandaise tout au long de l’année. La chute de la monnaie nationale à compter d’octobre, associée à une inflation galopante, forcent une hausse vertigineuse temporaire des taux d’intérêt. Les économistes étrangers s’en inquiètent et voient là des signes peu habituels chez un pays riche: «[It is] more typical of a developing economy than one of the wealthiest countries in the world5.» Ces mesures ont déjà été observées auparavant, mais jamais de façon récente en Europe: «in places like Argentina and Thailand, not a country that likes to think of itself as close to Europe6 ». Pour The Guardian, l’instabilité de la monnaie islandaise range le pays dans le camp des pays de la misère: «it is rated the world’s third-worst performing currency—just above Zimbabwe’s and Turkmenistan’s ». 2. [A.A. Gill], « Iceland: frozen assets », The Sunday Times,  décembre 2008. Je souligne. 3. Eric Pfanner, «Iceland is all but officially bankrupt», The International Herald Tribune, 9 octobre 2008. . [Anonyme, source AFP], «Reykjavik exchange resumes trading», The Australian, 5 octobre 2008. 5. Eric Pfanner et Julia Werdigier, «Caught in financial crisis, Iceland tries to tap Russia», The International Herald Tribune,  octobre 2008. 6. Eric Pfanner, «Iceland is all but officially bankrupt», The International Herald Tribune, 9 octobre 2008. . Gwladys Fouché, «Iceland is in the heart of the economic storm», The Guardian, 6 octobre 2008. [18.223.107.149] Project MUSE (2024-04-25 09:25 GMT) L’humiliation 17 Cette impression d’affaissement se confirme lorsque le Fonds monétaire international (FMI) entre en jeu, puisque cela signifie que l’Islande a épuisé ses propres ressources. Partout dans le monde, les journaux insistent sur le caractère inusité de cette aide: «making it the first Western country to get an IMF bailout since 968 »… quelques journaux prenant la peine d’ajouter que ce dernier pays à avoir bénéficier d’un prêt du FMI était le RoyaumeUni , que bien des Islandais tiennent responsable de la déroute économique de leur pays. Quoi qu’il en soit, le fait même...

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