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5 Un tout petit pays Big is not always beautiful«The biggest banking failure in history relative to the size of an economy.» The Economist, 11 décembre 20081 Quelle est la nature véritable de l’Islande: un État, ou tout simplement une grande famille? Les journalistes à l’étranger se posent la question lorsqu’ils constatent la paralysie des institutions publiques causée par les liens tissés serrés entre les personnes et les entreprises de tout le pays. Michael Lewis, de Vanity Fair, écrit sans ménagement: «[It is] a nation so tiny and homogeneous that everyone in it knows pretty much everyone else […]. Really, it’s less a nation than one big extended family2.» Cette forme d’imbrication sociale représente un risque économique, selon Le Devoir, puisque du fait de la petite taille de l’Islande, banques et entreprises ont pris des participations croisées les unes dans les autres, devenant fortement . [Anonyme], «Cracks in the crust», The Economist,  décembre 2008. 2. Michael Lewis, «Wall Street on the tundra», Vanity Fair, avril 2009. 10 La spectaculaire déroute de l’Islande interdépendantes et faisant craindre un effet “château de cartes” en cas d’effondrement3. Moins clément encore, The Huffington Post appelle plutôt à des actions énergiques pour secouer ce pays de la léthargie publique qui le caractériserait , et pour en finir avec ce qui constituerait un régime de faveurs: «egregious abuses of the financial system for the benefit of a select few over the past few years ». En fait, les analystes Willem H. Buiter et Anne Sibert considèrent l’Islande comme un cas exemplaire d’une économie fragilisée en fonction de quatre caractéristiques: () a small country with (2) a large, internationally exposed banking sector (3) its own currency and () limited fiscal spare capacity relative to the possible size of the banking sector solvency gap5. Pourtant, il suffit de reculer de quelques mois pour constater une perception complètement opposée de l’économie islandaise, tant sur l’île qu’à l’étranger. Si les conséquences fâcheuses du déséquilibre entre la taille du pays et celle de son système financier sont dénoncées au cours de l’automne 2008, le gonflement de l’économie est, plus tôt la même année, une source de fierté nationale. «Think big» titrait le magazine Iceland Review: «to believe that we can, in spite of our smallness». Bjarni Brynjólfsson, rédacteur en chef, écrivait alors: When one looks at modern Iceland and compares it to Iceland after World War II there is a mammoth difference. How did this happen? In my opinion the answer is not complicated. By thinking big, working hard and using new found wealth to seek the best education […]. We should continue to think big and put faith in our abilities. In the end, we’ll get the gold6. 3. [Anonyme, sources AFP et AP], «L’Islande s’enfonce dans la crise», Le Devoir, 9 octobre 2008. . Íris Erlingsdóttir, «Iceland is burning», The Huffington Post, 20 janvier 2009. 5. Willem H. Buiter et Anne Sibert, «The Icelandic banking crisis and what to do about it. The lender of last resort theory of optimal currency areas», cEPR Policy Insight, no 26, octobre 2008. 6. Bjarni Brynjólfsson, «Pipe dreams come true», Iceland Review, vol. 6, no 3, 2008. En référence, entre autres, aux Jeux olympiques. [3.146.65.212] Project MUSE (2024-04-20 01:05 GMT) Un tout petit pays 11«Think big, get the gold.» La maxime, séduisante avant la crise, prend un goût amer à l’automne. Le rédacteur en chef de l’Iceland Review déclare au Washington Post en octobre: «This is what happens when corporate institutions grow out of proportion to the system designed to regulate them.» Aveu certes, mais tardif, et surtout étonnant lorsqu’on le compare aux déclarations précédentes. Le Financial Times écrit au même moment: «for Iceland, […] normal logic is turned on its head. It is a reasonably large banking system with a small country attached. Now that its big banks have failed or are in deep trouble, the crisis for Iceland cannot be underplayed8.» En conséquence du gonflement de son système financier – associé à des ambitions de conquêtes internationales – l’Islande s’est retrouvée en 2008 dans une position de déséquilibre dangereux, coincée...

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