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4 L’europe À la recherche d’un abri protecteur«Non-eurozone Europe may not be economically viable during time of crisis.» Financial Times, 2 novembre 20081 En Islande, commencé avant la crise mais amplifié par celle-ci, le débat sur l’adhésion du pays à l’Union européenne et sur l’utilisation de l’euro au détriment de la couronne soulève les passions. Bien que les règles europ éennes soient déjà largement en usage sur l’île, l’intégration officielle annoncerait la fin de l’insularité, la renonciation à une souveraineté durement maintenue au cours des siècles et, surtout, la mise en péril de l’industrie de la pêche, dont les ancrages identitaires et économiques demeurent profonds chez les Islandais. Or, la crise secoue brutalement le pays et provoque une situation contraignante, que les commentateurs européens – et même anglais – répètent à satiété: les événements de 2008 démontrent que, sans le secours d’un ensemble plus vaste, les petits pays sont trop fragiles . Wolfgang Munchau, «Now they see the benefits of the eurozone», Financial Times, 2 novembre 2008. 12 La spectaculaire déroute de l’Islande pour maintenir un haut niveau de croissance. Ne trouvant ni dans la Scandinavie, ni dans ses relations bilatérales avec les pays européens, ni dans les États-Unis, ni même dans la Russie ou la Chine, l’appui nécessaire pour sortir de son marasme, l’Islande n’aurait ainsi d’autre choix que de se résigner à demander son adhésion à l’Union européenne. C’est ce que soutiennent la plupart des analystes: Dans un pays où la presse compare l’île à un navire échoué, écrit Gérard Lemarquis, les Islandais recherchent un protecteur. Un rôle que ni les Scandinaves, ni les Américains – ils y ont fermé leur base militaire – ne semblent pouvoir tenir. Reste l’Europe2. Le débat se déroule par ailleurs dans un climat mondial où la valeur des monnaies chute et grimpe à la moindre bourrasque, souvent au détriment des plus modestes, ce qui accentue la pression sur les petits pays pour se joindre à des ensembles plus vastes: «À Reykjavik, à Copenhague et un peu partout en Europe, on entend la même prière: saint Euro, adopte-nous et protège-nous des malheurs économiques de ce monde3 !» Les enjeux paneuropéens ici en cause sont bien sûr beaucoup plus larges que le seul avenir politique de l’Islande, mais ce courant affecte ici particulièrement cette dernière, qui se voit contrainte à prendre rapidement une décision à ce sujet. Il y a une telle unanimité parmi les journalistes étrangers qu’il ne se trouve pratiquement pas de voix, sauf exception, pour défendre le droit de l’Islande à sa pleine indépendance: l’adhésion à l’Union européenne semble être la seule option pour l’île. D’une part, sa monnaie affaiblie serait condamnée à une mort certaine: «We would not be surprised to see the Icelandic krona lose its function as a medium of payment », prédit une analyste allemande. D’autre part, les coûts reliés au fait de vivre sans l’euro seraient intolérables, selon Wolfgang Munchau: «[In Iceland] people discovered to their horror that monetary independence comes at a crippling cost5.» Pour les analystes universitaires, il n’y a aucune autre voie possible, 2. Gérard Lemarquis, «Accablés par la crise, les Islandais rêvent de l’euro», Le Monde, 29 octobre 2008, cahier Économie, p. 3. 3. Pierre-Antoine Delhommais, «L’heure de vérité pour l’euro», Le Monde, 5 décembre 2008, p. 25. . Antje Praefcke, citée par Tom Braithwaite, «Iceland takes emergency action», Financial Times, 6 octobre 2008. 5. Wolfgang Munchau, «Why the British may decide to love the euro», Financial Times, 6 novembre 2008. [18.191.132.194] Project MUSE (2024-04-25 01:46 GMT) L’Europe 13 pour maintenir le niveau d’échange international de l’Islande, que celle offerte par l’Europe: «The only way for a small country like Iceland is to have a large internationally active banking sector that is immune to the risk of insolvency [and] to join the EU and become a full member of the euro area6.» Un tel consensus est rare parmi les commentateurs économiques, et il est ici sans appel. Les exemples foisonnent pour démontrer cette nécessité, selon deux axes...

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