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3 Le conflit avec le royaume-Uni One of us, not one of them«The crisis sparked a furious war of words between London and Reykjavik.» The Herald (Glasgow), 10 octobre 20081 Les relations entre le Royaume-Uni et l’Islande n’ont jamais été simples. Tous deux insulaires, revendiquant une forte différence face aux autres pays, ils entretiennent un lien d’amour-haine qui a fluctué dans l’histoire. Les Islandais semblent hantés, de manière cyclique, par la volonté de se confronter aux Britanniques, à un tel point que l’on peut parfois se demander si ce ne sont pas ces derniers qui ont colonisé leur pays plutôt que les Danois. Il y a, certes, de bien lointains rapports vikings entre les deux îles, mais c’est plutôt au cours de la période contemporaine que les rivalités surgissent. Brian Groom se demande dans le Financial Times ce qui cause le rapport complexe entre les deux pays: «We always seem to be at odds with this independent-minded nation. Britain violated Iceland’s neutrality . [Anonyme], «Treasury officials hold emergency talks in Iceland», The Herald (Glasgow), 0 octobre 2008. 12 La spectaculaire déroute de l’Islande by occupying it in 90 and tussled with it over fishing rights in the 950s and 90s cod wars2.» Ces «guerres de la morue» – plus exactement, un conflit diplomatique au cours duquel le Royaume-Uni avait tenté d’intimider militairement l’Islande – représentent bien cette relation difficile. Pour des questions de pêche, les frontières maritimes de l’Islande et, par extension, sa souveraineté ont été contestées par le Royaume-Uni. Au fil des années, la victoire de la petite île sur la grande a pris dans l’histoire islandaise une allure de revanche postcoloniale. Pendant la crise de 2008, la «guerre» dans laquelle s’engagent les deux pays porte sur deux fronts: d’une part, le Royaume-Uni invoque sa Loi antiterroriste pour geler les avoirs islandais sur son territoire; d’autre part, Londres et Reykjavík se lancent dans une bataille juridique, se mena- çant l’un l’autre de poursuites judiciaires. Sur les deux fronts, cette bataille se déroule par médias interposés, alimentant une querelle d’interprétation des déclarations des uns et des autres, d’où l’idée qu’il s’agit d’une «guerre de mots» («a war of words3 », selon David Ibison). Le flegme qui caractériserait à la fois Britanniques et Islandais rend d’autant plus surprenante la rapide escalade verbale entre leurs deux capitales. Les journalistes ne se gênent pas pour user eux-mêmes d’un vocabulaire passionné pour en rendre compte: «The UK authorities exasperated with responses from Iceland seem to have overreacted.» En fait, une série de malentendus seraient à l’origine de ce conflit. The Guardian rapporte le 8 octobre que la veille: «the chancellor, Alistair Darling, told the BBC that […] “The Icelandic government, believe it or not, have told me yesterday they have no intention of honouring their obligations here5”». Quelques heures plus tard, le premier ministre Gordon Brown en rajoute et condamne le gel des comptes bancaires anglais dans les banques islandaises, qui aurait été commandé par Reykjavík: «“What happened in Iceland is completely unacceptable,” Brown told BBC television . “I’ve been in touch with the Icelandic prime minister (Geir Haarde), 2. Brian Groom, «Back to the future. A leader for today», Financial Times, 3 octobre 2008. 3. David Ibison, «UK dispute with Iceland escalates», Financial Times, 2 octobre 2008. . Jon Danielsson, «Why raising interest rates won’t work», BBc News, 28 octobre 2008. Je souligne. 5. Alistair Darling, cité dans [Anonyme], «Darling vows to help Icesave savers», The Guardian, 8 octobre 2008. [18.188.40.207] Project MUSE (2024-04-16 12:56 GMT) Le conflit avec le Royaume-Uni 13 I’ve said that this is effectively illegal action that they’ve taken6.”» C’est sur la base de ces déclarations que le gouvernement anglais annonce des actions musclées contre l’Islande. Cependant, la transcription subséquente de la conversation entre Darling et ses vis-à-vis islandais, décisive pour la suite des choses, indiquerait plutôt qu’il s’agit d’une mésentente: «A transcript […] appears to question the British government’s claim », écrit David Ibison. Quelques jours plus tard, une autre transcription, celle-là d’une entrevue donnée (en islandais) à la t...

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