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7 L’humour Ctrl-Alt-Del. Welcome to Iceland 2.0«Icelanders collapse in laughter.» Financial Times, 28 novembre 20081 L’humour, avec tout ce qu’il comporte de vérité et de révélation, s’insère ici et là, heureusement et pleinement, dans le discours médiatique étranger sur l’Islande au moment de la débandade économique. À sa façon, l’humour relaie la crise et permet de s’en distancer, tout en donnant un point de vue qui serait interdit autrement dans un article formel. L’humour anglais, islandais, américain et allemand, entre autres, se joue tour à tour des événements qui surviennent en Islande, souvent afin de rassurer les lecteurs sur leur propre situation. Comme l’écrit avec un pinçant humour britannique le quotidien populaire The Daily Mail, après avoir déploré l’état de l’économie en Angleterre: «Are you depressed by the financial meltdown? […] things could be worse – we could be in Iceland2.» Comparer son état . David Ibison, «Icelanders collapse in laughter», Financial Times, 28 novembre 2008. 2. The Daily Mail, cité dans [Anonyme], «It could be worse—you could be in Iceland», The Guardian, 8 octobre 2008. 70 La spectaculaire déroute de l’Islande avec plus malheureux que soi allège bien sûr le poids de sa propre situation:«Iceland instantly became the only nation on earth that Americans could point to and say: “Well, at least we didn’t do that3”», écrit Michael Lewis dans «Wall Street on the tundra», publié dans Vanity Fair. Mais il arrive que la comparaison se renverse… Ainsi, le Financial Times se joue de la déroute récente de la banque britannique Northern Rock, disant espérer avec les Islandais que: «this northern rock [Iceland] will be more resistant to the credit crunch than the U.K. bank.» Les blagues sur l’Islande ne disent pas nécessairement faux: elles exagèrent, elles grossissent, elles mettent en scène le ridicule de la situation fâcheuse dans laquelle se trouve le pays, mais elles le font bien souvent avec une fine connaissance des enjeux. En voici quelques exemples parmi les meilleures, retrouvées dans des articles dont le sujet principal n’est pas nécessairement l’Islande, autre preuve que la situation de ce pays fait désormais partie du discours commun: What is the capital of Iceland? About five euros5. The 2009 Mercedes-Benz SL63 [is] a car for performance nuts whose bank accounts are filled to overflowing. You can safely assume those bank accounts aren’t in Iceland6. Record unemployment levels have been announced today as the Credit Crunch tightens its grip. Worst hit sectors are the construction trade and the Icelandic bank robbers. An Icelander asks a Swiss official why a landlocked country needs a Minister of Fisheries. The Swiss official looks at the Icelander and asks:«Why do you have a Minister of Finance8 ?» 3. Michael Lewis, «Wall Street on the tundra», Vanity Fair, avril 2009. . Tom Braithwaite, «Falling krona exposes consumer debt», Financial Times,  octobre 2008, p. 5. 5. Ou 3,50 $, comme l’écrivent d’autres auteurs. Citée ici par Ralph Atkins, «Germans take the credit for crisis jokes», Financial Times, 2 décembre 2008, p. 3. 6. Jeremy Cato et Michael Vaughan, «Luxury cars», The Globe and Mail, 25 novembre 2008, p. F-8. . Citée sur le site , consulté en juillet 2009. 8. Greg Burns, «Financial fiasco fires up Iceland’s ire, civic unrest», The chicago Tribune, 2 janvier 2009. [3.135.213.214] Project MUSE (2024-04-24 07:39 GMT) L’humour 71 À ces blagues, il faut ajouter les multiples allusions au vocabulaire du Nord, de l’Arctique et du froid, qui permettent plusieurs jeux de mots dans les titres et le contenu des articles. Par exemple, The Sunday Times publie un article au titre évocateur, «Iceland: frozen assets», dans lequel le chroniqueur A.A. Gill ironise en écrivant: «[Iceland is] the first victim of the economic ice age9.» Le positionnement géographique et la situation économique de l’Islande se superposent; ainsi, un journaliste écrit dans The Australian: «Iceland is melting down, but it has nothing to do with global warming0.» Par cette double identification, comme l’écrit The chicago Tribune, les Islandais sont devenus l’objet – le cœur, même – de plusieurs plaisanteries: «the punch line in jokes about credit freezes, economies on ice and financiers being thrown into “the cooler”.» Il ne faut...

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