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Communication et adaptation dans les familles recomposées avec des adolescents Julie GOSSELIN, Ph. D., C. Psych. Professeure adjointe, École de psychologie, Université d’Ottawa En moins de cinquante ans, la société québécoise a été le théâtre de profondes transformations qui ont ébranlé les valeurs dites traditionnelles . L’institution du mariage est devenue de moins en moins centrale dans l’accomplissement du projet parental et sa définition même est maintenant remise en question. C’est dans cette foulée que s’est développ ée une variété de nouvelles constellations familiales, telles que la famille monoparentale, la famille homoparentale et la famille recompos ée. Les transitions familiales continuent d’augmenter et certains prédisent que d’ici cinquante ans, au moins le tiers des enfants âgés de moins de 18 ans qui demeurent avec deux adultes se trouveront dans une situation de recomposition (United States Bureau of the Census, 1998). Au Canada, le nombre de familles recomposées recensées a augmenté de 17% entre 1995 et 2001 (Statistique Canada, 2002). Étant donné que le recensement prend seulement en considération le foyer principal de chaque enfant, il est probable que ce nombre représente une sous-estimation du phénomène. En fait, les études de la National Stepfamily Association ont permis d’identifier soixante-douze trajectoires de recomposition à la suite d’une séparation conjugale (Dunn, 2002). 88 Julie GOSSELIN Compte tenu de la précarité des unions, c’est beaucoup plus à partir de l’enfant que la famille se définit de nos jours (Le Gall, 2003). A priori, la famille recomposée se définit comme une famille où au moins un enfant provient d’une relation antérieure de l’un ou l’autre des partenaires (Dunn, 2002). Chaque système familial possède ses propres règles, ses frontières et ses caractéristiques. La famille recomposée présente des frontières diffuses et perméables, un sous-système conjugal vulnérable, des liens intergénérationnels forts entre le parent biologique et l’enfant, ainsi que l’interférence possible d’une personne extérieure (l’autre parent biologique) dans le fonctionnement familial (Blais et Tessier, 1988). La famille recomposée doit apprendre à se développer dans un contexte de pertes et de conflits de loyauté qui s’inscrivent dans un processus de deuil (Visher et Visher, 1998). Chacun des membres doit aussi apprendre à créer des liens avec une parenté qu’il n’a pas choisie, et avec laquelle il ne partage aucun lien de sang. C’est pourquoi le niveau de stress rapporté par les membres de familles recomposées est systématiquement plus élevé que celui rapporté par des membres de familles intactes, atteignant la parité seulement durant la quatorzième année de vie commune (Lee-Baggley, Preece et DeLongis, 2005). Alors que pendant plusieurs années, la majorité des recherches ont tenté de comparer les familles recomposées aux familles intactes, ce n’est que récemment que la recherche s’est intéressée à la compréhension des processus en cause dans l’adaptation des membres de familles recomposées, plutôt que la simple description des différences entre ces types de constellations familiales. Une équipe pionnière dans ce domaine émergent a d’ailleurs développé une approche interactionniste basée sur la perspective du risque et de la résilience (Hetherington et Stanley-Hagan, 1999). Cette approche incorpore à la fois la théorie des systèmes familiaux, ainsi que l’approche écologique et développementale . Ce modèle permet d’examiner les facteurs et processus individuels , familiaux et environnementaux qui présentent un risque pour les membres de la famille, ou les protègent des effets négatifs durant et après les transitions familiales (Hetherington, 1993). Ce modèle multidimensionnel a l’avantage de pouvoir tenir compte de circonstances complexes qui influencent et prédisent des résultats individuels et familiaux variés (Hetherington et Stanley-Hagan, 1995). Selon cette conceptualisation , la famille recomposée est considérée comme un système composé de plusieurs individus distincts, liés par différents niveaux de sous-systèmes, et où le concept de réciprocité joue un rôle central dans son développement (Anderson et al., 1999; Dunn, 2004). La rigueur méthodologique démontrée par l’équipe d’Hetherington représente une des forces majeures de ce modèle. [18...

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