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Introduction Cet ouvrage porte sur l’orthodoxie des soins de santé primaires (SSP), c’est-à-dire sur leur généralisation et leur imposition partout dans le monde autant par les réformes nationales des systèmes de santé que par les modèles prescrits de développement des pays du tiers-monde. Plus d’un trouvera exagérée l’épithète d’ortho­doxie que nous imputons aux soins de santé primaires. C’est là, cependant, mal connaître le courant de pensée dominant qui valorise leur développement . Car il ne s’agit pas d’une simple invitation des organismes transnationaux de pouvoir (ONU, FMI, Banque mondiale, UNICEF, OMS) aux pays pauvres. S’il faut croire Bernard Hours (1989), les soins de santé primaires évoquent un certain ­millénarisme, telle une religion nouvelle et salvatrice. Valorisés en dépit d’un contexte souvent hostile à leur­ développement, les soins de santé primaires ont si bien poursuivi leur chemin qu’ils en sont venus à pénétrer l’opinion publique locale  . Les références aux soins de santé primaires ont soulevé quelques réserves sur la vision trop exclusivement médicale et l’hospitalocentrisme légués notamment par la médecine coloniale.Au tournant des années 1980, ­l’approche des soins de santé primaires fut un crime de lèse-majesté à l’encontre du corps médical, seul dépositaire agréé des connaissances avérées sur le corps humain, et des compétences indispensables à la responsabilité des systèmes de santé (Hours, 1989).  Les soins de santé primaires et internationale jusqu’à transformer significativement le langage de la santé publique et des politiques de santé. La réussite idéologique de ce concept est consacrée par l’abondance des discours (média­ tique, scientifique, politique) qui y recourent, ainsi que par leur imposition de droit (sous forme de directives assorties de conditions) par leurs appareils idéologiques transnationaux (ONU, FMI, Banque mondiale, OMS…). Or, en moins de dix ans (1978-1988), le bilan de l’application des SSP apparaît plus riche en évolution idéologique qu’en résultats sur le terrain.Aujourd’hui, plus que jamais, l’adversité se situe du côté de ceux qui osent remettre en question leur légitimité ou tout simplement leur faisabilité. Pourquoi est-ce devenu quasiment un problème moral de questionner l’utilité des SSP? Que recèlent ou cachent les tabous qui entourent cette orthodoxie? L’objectif principal de ce livre est de ramener dans le cercle des débats l’orthodoxie des SSP afin d’en questionner les résultats, la pertinence et les finalités latentes. Pour bien prendre toute la mesure de la réussite idéologique de l’orthodoxie des SSP, malgré un bilan plutôt pauvre, il est utile de rappeler le contexte historique dans lequel ils se sont peu à peu imposés comme une nécessité. L’histoire des soins de santé primaires, tels que nous les­ entendons aujourd’hui, remonte à la conférence internationale tenue en septembre 1978 à Almaty au Kazakhstan (qui était alors AlmaAta en URSS), dans le but exprès d’améliorer la situation sanitaire mondiale. Cette conférence, organisée et patronnée de concert par l’OMS et l’UNICEF, marque un tournant dans la volonté des représentants de plus de 134 gouvernements et de 67 organisations des Nations unies, institutions spécialisées et organisations non gouvernementales , de diffuser à travers le monde un modèle de développement sanitaire issu de l’expérience positive d’un certain nombre de pays (OMS, 1978). Adoptée par acclamation en séance plénière  . Rappelons que ces organismes dont l’aide est devenue indispensable aux pays pauvres n’accordent parfois leur appui qu’à la condition que les bénéficiaires fassent la promotion des SSP dans la réforme de leur système de santé. [3.144.233.150] Project MUSE (2024-04-20 03:13 GMT) Introduction  le 12 septembre 1978, la déclaration qui en résulta – dite Déclaration d’Alma-Ata – a mis en place les conditions nécessaires à l’avènement de l’orthodoxie des soins de santé primaires. Tout porte à croire, cependant, que cette déclaration de­ principes (Alma-Ata), même si elle fut très importante pour l’avenir de la santé ­publique mondiale, n’a été que l’épiphénomène d’un mouvement plus général de...

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